PhiloPapy

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Gygés, agir impunément.

Nous avons notre Gygès, il s'appelle Cahuzac.

 

1° lecture et étude personnelles avec prise de notes.

 

Mythe de Gygès, le Lydien.

 

      Socrate parle :

 

         "Or, que ceux-là même qui pratiquent la justice par impuissance de commettre l'injustice la pratiquent contre leur gré, c'est ce que nous comprendrions au mieux si nous imaginions le cas suivant ayant donné également au juste et à l'injuste la liberté pour chacun des deux de faire ce qui pourrait leur plaire, nous les suivrions ensuite en observant où le désir mènerait chacun d'eux. Nous prendrions alors sur le fait le juste marchant vers le même but que l'injuste, poussé par la cupidité insatiable à laquelle toute nature est portée à s'attacher comme à un bien, mais qui est ramenée par la contrainte au respect de la légalité. Cette liberté dont je parle se manifesterait au mieux si un pouvoir venait à leur échoir tel que celui qui échut à Gygès, le Lydien. Eh bien, c'était un berger aux gages du roi qui régnait alors sur la Lydie. A la suite d'une pluie abondante et d'un tremblement de terre, une fente s'était produite dans le sol et un gouffre s'était ouvert à l'endroit où il faisait paître. Stupéfait à cette vue, il y descendit et, entre autres merveilles que l'on raconte, il y aperçut un cheval de bronze, creux, muni de petites portes à travers lesquelles en se penchant il vit à l'intérieur un homme qui, selon toute apparence, était mort, d'une taille plus qu'humaine et qui n'avait sur lui rien d'autre qu'à la main un anneau d'or qu'il lui enleva avant de sortir.

 

            Lors de la réunion habituelle des bergers en vue de faire au roi leur rapport de chaque mois sur les troupeaux, il s'y rendit portant au doigt cet anneau. S'étant assis au milieu des autres, il vint par hasard à tourner le chaton de la bague vers soi, en-dedans de sa main. Or sitôt ce geste fait, il devint invisible à son entourage et on parla de lui comme s'il était parti. Il en fut d'abord étonné et en maniant à nouveau la bague, il se trouva à tourner le chaton en dehors et sitôt l'anneau tourné, il redevint visible. Puis, ayant réfléchi, il mit l'anneau à l'épreuve pour voir s'il avait bien ce pouvoir et il constata qu'en tournant le chaton à l'intérieur, il devenait invisible; à l'extérieur, visible. Ayant ainsi vérifié que l'effet était assuré, il s'introduisit dans la délégation qui se rendait auprès du roi; et une fois là, il séduisit son épouse, avec son aide attaqua et tua le roi, puis s'empara du pouvoir.

 

         Eh bien, supposons qu'il existe deux anneaux de ce genre, que le juste se passe l'un au doigt et l'injuste l'autre, il ne se trouvera personne, ce semble, d'une assez forte trempe pour demeurer dans la justice et pour avoir le courage de s'abstenir du bien d'autrui sans y  porter atteinte, alors qu'il aurait la faculté d'emporter du marché en toute sûreté ce qui lui plairait; en pénétrant dans les maisons de s'accoupler à qui lui plairait; de mettre à mort ou de délivrer des fers qui il voudrait; bref, de tout faire comme l'égal des dieux parmi les hommes. En agissant de la sorte, le juste ne ferait rien de différent de l'autre et ils marcheraient tous les deux vers le même but. En vérité, on pourrait y voir une grande preuve de ce que personne n'est juste volontairement mais par contrainte, vu que ce n'est pas là en soi-même un bien, puisque partout où quelqu'un croira être en mesure de commettre l'injustice, il la commettra. Tout homme en effet croit que l'injustice lui est en elle-même plus avantageuse que la justice, et il aura raison de le croire, à ce que dira celui qui soutient une telle doctrine. Si en effet quelqu'un qui se serait arrogé pareille liberté ne consentait jamais à commettre une injustice ni à porter atteinte au bien d'autrui, il serait regardé par ceux qui seraient au courant comme l'homme le plus malheureux et le plus insensé. Mais en face les unes les autres, ils feraient son éloge en vue de se tromper mutuellement par crainte de subir l'injustice. Voilà donc ce qui en est de ce point."

 

 

 Reprise du texte en vue de son analyse et de son exploitation dans le cadre de « la Pratique et des Fins ».

Dans d’autres termes : en quoi nos actes peuvent-ils avoir un caractère moral ou immoral ?

Il s’agit de voir comment fonctionne ce jugement de valeur  émis par les autres sur nous et, éventuellement, prononcé par moi-même sur moi-même. Cette dernière opération porte ordinairement le nom de « conscience morale ».

On laissera de côté, pour l’instant, le problème de fond concernant le droit de juger. (cf. l’Evangile ; « Ne juge pas et tu ne seras pas jugé. »)

 

 

 

2° partie : explications et commentaires ; que veut dire très exactement Socrate ?

 

(Introduction toujours un peu compliquée chez Socrate, comme s’il voulait piéger l’interlocuteur ou démontrer son autorité.)

 

Après une position de principe, une partie, plutôt descriptive.

Une autre cherchant à tirer les leçons philosophiques.

 

 

            2 manières de pratiquer la justice : pour elle-même ou par impuissance.

 

         "Or, que ceux-là même qui pratiquent la justice par impuissance de commettre l'injustice la pratiquent contre leur gré, c'est ce que nous comprendrions au mieux si nous imaginions le cas suivant ayant donné également au juste et à l'injuste la liberté pour chacun des deux de faire ce qui pourrait leur plaire, nous les suivrions ensuite en observant où le désir mènerait chacun d'eux.

 

 

Description / récit : étude de cas.

 

Cas de figure : un juste par impuissance ou contrainte. Donc déjà suspect et prêt à tout. Aristote aurait expliqué pourquoi ; Platon pose cela comme un constat à accepter.

Proposition : une étude de cas un événement aléatoire et ses conséquences avec la nécessité de bien tester le fonctionnement du système.

 

 

Nous prendrions alors sur le fait le juste marchant vers le même but que l'injuste, poussé par la cupidité insatiable à laquelle toute nature est portée à s'attacher comme à un bien, mais qui est ramenée par la contrainte au respect de l'égalité. Cette liberté dont je parle se manifesterait au mieux

si un pouvoir venait à leur échoir tel que celui qui échut à Gygès le Lydien. Eh bien, c'était un berger aux gages du roi qui régnait alors sur la Lydie. A la suite d'une pluie abondante et d'un tremblement de terre, une fente s'était produite dans le sol et un gouffre s'était ouvert à l'endroit où il faisait paître. Stupéfait à cette vue, il y descendit et, entre autres merveilles que l'on raconte, il y aperçut un cheval de bronze, creux, muni de petites portes à travers lesquelles en se penchant il vit à l'intérieur un homme qui selon toute apparence était mort, d'une taille plus qu'humaine et qui n'avait sur lui rien d'autre qu'à la main un anneau d'or qu'il lui enleva avant de sortir.

 

Occasion du test de la liberté et effets produits sur la pratique de la justice

 

            Lors de la réunion habituelle des bergers en vue de faire au roi leur rapport de chaque mois sur les troupeaux, il s'y rendit portant au doigt cet anneau. S'étant donc assis au milieu des autres, il vint par hasard à tourner le chaton de la bague vers soi en-dedans de sa main. Or sitôt ce geste fait, il devint invisible à son entourage et on parla de lui comme s'il était parti. Il en fut d'abord étonné et en maniant à nouveau la bague, il se trouva à tourner le chaton en dehors et sitôt l'anneau tourné, il redevint visible. Puis, ayant réfléchi, il mit l'anneau à l'épreuve pour voir s'il avait bien ce pouvoir et il constata qu'en tournant le chaton à l'intérieur, il devenait invisible; à l'extérieur, visible.

 

Peur de la sanction substituée à l’amour de la justice

Liberté totale = injustice : plaisir et pouvoir

 

Ayant ainsi vérifié que l'effet était assuré, il s'introduisit dans la délégation qui se rendait auprès du roi; et une fois là, il séduisit son épouse, avec son aide attaqua et tua le roi, puis s'empara du pouvoir.

 

 

Description / récit : étude de cas.

 

         Eh bien, supposons qu'il existe deux anneaux de ce genre, que le juste se passe l'un au doigt et l'injuste l'autre, il ne se trouvera personne, ce semble, d'une assez forte trempe pour demeurer dans la justice et pour avoir le courage de s'abstenir du bien d'autrui sans y  porter atteinte, alors qu'il aurait la faculté d'emporter du marché en toute sûreté ce qui lui plairait; en pénétrant dans les maisons de s'accoupler à qui lui plairait; de mettre à mort ou de délivrer des fers qui il voudrait; bref, de tout faire comme l'égal des dieux parmi les hommes. En agissant de la sorte, le juste ne ferait rien de différent de l'autre et ils marcheraient tous les deux vers le même but. En vérité, on pourrait y voir une grande preuve de ce que personne n'est juste volontairement mais par contrainte, vu que ce n'est pas là en soi-même un bien, puisque partout où quelqu'un croira être en mesure de commettre l'injustice, il la commettra.

 

Leçons à tirer : au fond, par nature, c’est l’intérêt, le plaisir ou la soif de  pouvoir  qui nous poussent ordinairement à pratiquer la justice quand les autres nous surveillent et encore plus facilement avec un  anneau magique au doigt. C’est la même démarche : seules les circonstances changent. On pourra même parfois les appeler « atténuantes ».

La Rochefoucauld et  Schopenhauer ne diront pas autre chose.

 

Tout homme en effet croit que l'injustice lui est en elle-même plus avantageuse que la justice, et il aura raison de le croire, à ce que dira celui qui soutient une telle doctrine. Si en effet quelqu'un qui se serait arrogé pareille liberté ne consentait jamais à commettre une injustice ni à porter atteinte au bien d'autrui, il serait regardé par ceux qui seraient au courant comme   l'homme le plus malheureux et le plus insensé. Mais en face les unes les autres, ils feraient son éloge en vue de se tromper mutuellement par crainte de subir l'injustice. Voilà donc ce qui en est de ce point."

 

Pire : ne pas profiter des 2 situations passerait pour une privation inutile et même pour de la bêtise : justice par impuissance ou justice par astuce magique.

 

En creux, cela revient à dire qu’il n’y a pas de justice sans jugements et sanctions.

L’impunité effacerait la notion même de justice et de moralité.

 

 

Voilà une dimension du tableau sur l’acte moral bien difficile à contourner.

 

 

 



25/03/2012
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