Une valeur : le Bien.
Le BIEN ?
Le chapitre traitant de la Morale est important mais ‘d’autant plus difficile à traiter que le mot et la chose appartiennent à la vie quotidienne et au langage courant.
Il va de soi également que la finalité recherchée, c’est le bien. Mais il s’agit là d’un terme très « polysémique » comme disent les linguistes. Ce n’est pas une simplification
Le survol des diverses positions sur la définition de cette valeur, de Platon aux Existentialistes en passant par Descartes et Kant n’est pas fait pour nous rassurer.
En effet, sur quoi la fonder ? Sur un monde intelligible qui existerait hors de nous ? Sur Dieu ? Sur un guide inné et universel qu’on appellerait la « conscience morale » ?
Il s’agit plus de « doxa » (opinion) que « d’épistémè » (science ou savoir) au sens où l’entendait Platon.
Par chance, Epicure est plus clair là-dessus même si, aussitôt, il corrige le tir pour que nous ne fassions pas du mot « bien » un synonyme de simple « plaisir » ou un équivalent de « bonheur ». L’intervention nécessaire de la Raison et la distinction entre différentes formes de plaisir nous évite de tomber dans le simplisme.
EPICURE : désirs - plaisirs – nature - raison : l’épicurisme.
« ... le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. C’est lui en effet que nous avons reconnu comme bien principal et conforme à notre nature, c’est de lui que nous partons pour déterminer ce qu’il faut choisir et ce qu’il faut éviter, et c’est à lui que nous avons finalement recours lorsque nous nous servons de la sensation comme d’une règle pour apprécier tout bien qui s’offre.
(En quelques lignes, le principal est dit : le plaisir = bien principal et inné, non contestable : c’est la nature, on choisit le plaisir, on essaie d’éviter la douleur, cela sert de règle. Attention ! « heureuse » peut poser problème : « plaisir » est-il synonyme de « bonheur » ?)
Or, précisément parce que le plaisir est notre bien principal et inné, nous ne recherchons pas tout plaisir ;
(mais par n’importe quoi ni n’importe comment)
…il y a des cas où nous passons par-dessus beaucoup de plaisirs s’il en résulte pour nous de l’ennui. Et nous jugeons beaucoup de douleurs préférables aux plaisirs, lorsque des souffrances que nous avons endurées pendant longtemps il résulte pour nous un plaisir plus élevé.
(2 cas pour illustrer ou prouver avec un raisonnement en « si … alors »)
Tout plaisir est ainsi, de par sa nature propre, un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché ; pareillement, toute douleur est un mal, mais toute douleur ne doit pas être évitée à tout prix.
En tout cas, il convient de décider de tout cela en comparant et en examinant attentivement ce qui est utile et ce qui est nuisible, car nous en usons parfois avec le bien comme si c’était le mal, et avec le mal comme si c’était le bien. »
(Attention aussi aux erreurs de jugement ; comme l’écrivait St Thomas : « Le mal est un certain bien . » pris sous un angle donné.
Epicure : Lettre à Ménécée
Compléments :
Si les hommes connaissaient la cause et l'origine des maux qui assiègent leur âme, comme ils sentent le poids accablant qui s'appesantit sur eux, leur vie ne serait pas si malheureuse; on ne les verrait pas chercher toujours sans savoir ce qu'ils désirent et changer sans cesse de place, comme s'ils pouvaient par là se délivrer du fardeau qui les opprime.
(De la nature)
(Intervention de la Raison – redondance – et de la connaissance « des causes »)
D’où -à un classement des désirs en :
naturels et nécessaires ex. boire pour apaiser la soif,
naturels et non nécessaires ex. les excès sexuels,
ni naturels, ni nécessaires ex. désir d’être honoré...
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