C11_Introduction
Rapports entre Raison, Connaissance et Réalité. (CRR)
C_11, 12,13 etc. pour le rangement progressif des articles.
C_+ un libellé pour le contenu. Exemple plus bas.
Cette appellation sera utilisée pour permettre un repérage rapide d’articles se rapportant au même thème. Elle n’empêche pas un rangement personnel. (dans « ponzauzânes » par exemple).Cette obligation d’écrire après une lecture est un exercice favorable à la mémorisation des connaissances. Le répertoire constitué te sera utile pour les révisions de fin d’année.
Ì C11_Introduction.
Le dossier CRR est lourd : il faudra le reprendre par approches successives en tenant compte de deux dimensions bien exprimées par Descartes dans le titre du « Discours de la méthode ».
Règle :
- pour bien conduire sa raison
- et chercher la vérité dans les sciences.
Ce parcours en deux grands points balisera la fourniture des informations et des réflexions de cette partie du programme.
Cela conditionnera aussi notre mode de travail. Pour l’étude des philosophes et de la raison, le cheminement est large puisqu‘il s’agit d’idées générales. Quand sera abordée la recherche de la vérité dans (ou par) les sciences, il faudra faire appel à des connaissances plus précises et interdisciplinaires tenant compte de l’actualité. Celle-ci sera à suivre jusqu'au mois de juin. Exemples : les pérégrinations de la sonde Hubble, le récent prix Nobel français et la capture des photons … A ce suivi de l’actualité il faudra ajouter les connaissances acquises ou à acquérir au lycée dans les domaines scientifiques : physique, biologie, astronomie … mais aussi en sciences humaines (psychologie, sociologie, histoire, linguistique …) Une consultation des prof. spécialisés dans ces domaines s’impose en complément des informations de ce site. En plus du zapping sur internet, c’est l’alimentation nécessaire à toute réflexion ou production philosophique.
3 balises sont proposées :
- · Une touchant l’histoire de la philosophie.
- · L’autre concernant le mouvement des idées.
- · La troisième prenant pour exemples quelques virages symptomatiques dans ce mouvement.
1° balise : l’angle de l’histoire de la philosophie
Ce tableau permet de situer les grands thèmes et les auteurs principaux.
Dates |
Représentants |
Thème dominants |
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1°rationalisme |
Socrate |
objet / sujet / idée / |
Idéalisme/dogmatisme |
Platon |
l’ordre du monde |
Logique et biologie |
Aristote |
les catégories le binarisme |
Stoïcisme |
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les probabilités |
Scepticisme |
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Influence de l’Eglise. |
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Descartes |
l’angle méthodologique |
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Leibniz |
logique et mathématiques |
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Empirisme |
Hume Locke |
sensations / idées |
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Condillac |
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rationalisme (critique) |
Kant |
sujet -> et non objet -> sujet |
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Hegel |
le règne de l’esprit |
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Bergson |
spiritualité |
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James |
pragmatisme |
marxisme |
Marx |
praxis infrastructure/superstructure |
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existentialisme |
Kierkegaard |
angoisse / absurdité |
Phénoménologie |
Husserl |
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Merleau-Ponty |
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Sartre |
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Camus |
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2° Balise : situation dans un cadre historique large : le mouvement des idées.
On peut s'étonner de voir la longue prédominance du thème de la connaissance dans l'histoire de la philosophie alors que l'étude de l'action et de l'être devrait au moins se trouver à égalité.
Il est vrai que leur titre "officiel" ne les gâte pas : praxéologie pour l'un, ontologie pour l'autre. Cela n’a pas, au départ, l’attrait d’un bon roman policier.
Il est vrai aussi que l’étude de l’être ou du sujet à été moins écornée dans les aléas du mouvement des idées du fait, en particulier, de sa prise en considération par le christianisme : chaque homme est considéré en tant que fils de Dieu. Il est alors unique et irremplaçable. C’est le départ pour de pratiques solipsistes qui vont sévir pendant des siècles avant d’admettre facilement l’affirmation de Rimbaud : « Quand je dis ‘je pense‘, je devrais plutôt dire ‘on me pense’ » Pendant longtemps, ce point de vue psychologique, métaphysique et théologique a éliminé l’approche sociologique. Il faudra attendre Durkheim (1858-1917) pour voir cette dimension de notre être prendre le nom de science. Cette reconnaissance a été en concordance avec une nouvelle centration sur l’importance de l’action.
Si on considère ce premier cadre d'une manière large, on peut avancer que deux grandes tendances ont agi spécifiquement entre le 5° siècle av. JC et la fin du Moyen âge : le lancement du rationalisme et l'institutionnalisation de l'Eglise. Pour ne rien oublier, il faudrait intercaler la période de l'Empire romain mais celui-ci eut plus d'influence sur le plan des conquêtes, de la construction de forteresses, de la formulation du droit et de la conception du confort des villas que sur le plan philosophique.
Malgré des analogies évidentes entre les dialogues socratiques et les prêches de Jésus, un hermétisme assez inexplicable s'est établi entre ces deux philosophies. Aucune allusion n'existe dans les évangiles à la pensée de Socrate. Pourtant elle était connue au moins par St Paul, grand intellectuel et voyageur de cette époque.
Ce rapide survol serait certainement à approfondir. Il suffit dans un premier temps, comme contexte au chapitre intitulé « connaître » ou « connaissance ». Il sert de point de départ à un parcours qui devrait nous conduire jusqu'à notre époque c'est-à-dire jusqu'aux interrogations et résultats scientifiques contemporains. On retrouve ici le souci exprimé par Descartes : conduite de la Raison et accès à la vérité scientifique. Au long de ce trajet, il faudra examiner sa position et celle de Kant en particulier, avant d'aborder le virage à 180° opéré par la référence à l'action, à la « praxis » et au pragmatisme chez Marx à cause des répercussions politiques qui ont bouleversé le monde de l’industrialisation du XIX° jusqu’à la chute du mur de Berlin..
On trouve ici une loi signalée par les épistémologues, qui voudrait qu’une thèse nouvelle intègre et dépasse la précédente sans l’effacer totalement. Il en fut ainsi pour la théorie de la relativité pas rapport à la conception newtonienne de l’univers. Intégration et dépassement mais non remplacement total. C’est une sorte d’emboîtement progressif qui fait que l’histoire des sciences conserve son importance.
Au long du parcours proposé, il faut considérer, par exemple, que la philosophie de Descartes est une continuation du platonisme avec une réserve : la prise en compte de Dieu et le choix d'un angle « méthodologique » qui démarque la position cartésienne du rationalisme grec.
Kant, de son côté, signale sa différence avec la philosophie originaire en opérant ce qu'il appelle une « révolution copernicienne ». Celle-ci consiste dans le fait que jusque là c'était l'objet en quelque sorte qui imposait sa structure au sujet pensant. C'est évident chez Platon avec la séparation, en fait, même si c’est traduit par un mythe, entre un monde sensible et un monde intelligible. Ce dernier conditionne l'esprit. Pour Kant, le renversement est total : c'est le sujet pensant qui impose ses a priori à l'objet. Les « noumènes » ne sont plus une structure de l'objet mais une production de l'esprit. Celui-ci régente les « phénomènes » en exigeant de la pensée qu’elle respecte les conditions ordinaires de leur fonctionnement. On ne se contente pas d'avoir des contraintes extérieures. Au contraire c'est notre entendement qui est maître de la saisie des réalités environnantes. Ici aussi comme dans le paragraphe précédent, un approfondissement s'impose. D’où le passage obligé par l’étude des œuvres sur le site voisin.
Avec ce cadre historique général et les deux clés cartésiennes, l’itinéraire est fixé qui va d'une définition platonicienne et aristotélicienne de la connaissance jusqu'aux études scientifiques actuelles de la réalité. La naissance de l’épistémologie, en particulier avec Bachelard, a signalé cette évolution.
Avec ce troisième point, on ne sera pas quitte pour autant avec l’étude des dimensions de la connaissance. Il y a encore du pain sur la planche.
3°balise : Illustration à propos de quelques virages symptomatiques.
Dans la Préhistoire.
On ne peut pas parler d’idées ou de mouvement des idées avant la naissance de l’écriture. Une idée qui ne serait pas exprimée est-elle une idée ?
Dans le domaine de la communication, la naissance de l’écriture à Sumer et en Egypte vers 3500 av. JC. a permis le développement de la philosophie. C’est à partir de cette date et par ce moyen qu’une « conduite de récit » s’est établie. La philosophie en est une même si ses visées sont moins pragmatiques. Devant les impératifs de l’existence, les gestes et les paroles ont vite marqué leurs limites, même s’ils ont été et demeurent le principal fondement des relations humaines. Pour nos ancêtres, il apparut assez vite qu’un tracé sur le sol ou la paroi d’une caverne pouvait libérer des contraintes de l’espace et du temps. Un bison repéré par un membre à l’orée du bois, au bord d’une rivière et loin du camp pouvait, par représentation écrite (au sens large), devenir une information utile pour les autres chasseurs. Tous les rites de la vie quotidienne pouvaient être transmis, échangés et conservés : lieux de chasse et de pêche, lois, contrats, inventaires de provisions et même les problèmes de l’au-delà.
De l’Antiquité aux Temps modernes.
Pour la civilisation occidentale, une des premières dates retenues est celle d’Homère, au IX° siècle Av. J.C., avec l’Iliade et l’Odyssée. Ensuite ce fut le « miracle grec » autour de la promotion de la Raison. Plus généralement, on prend pour référence le V° siècle (le siècle de Périclès), avec les philosophes célèbres : Socrate, Platon, Aristote. Ce dernier est l’inventeur de la logique (ou du langage « binaire ».) Ce système de pensée par dichotomie aura un succès certain : il faudra attendre le début du XX° siècle pour qu’il soit remis en question (mais non supplanté) par d’autres façons de saisir et d’ordonner la réalité.
N.B. donc pas de place pour : le peut-être, le probable, le flou, l’incertain, le gris entre noir et blanc … sauf, peut-être pour les Stoïciens mais leurs intuitions n’ont pas eu de succès surtout avec la mainmise de l’Eglise sur la pensée … On le voit bien avec les efforts de Descartes pour appliquer « le doute méthodique » ; sur « tout sauf » en matière de religion et de morale. Cf. le « pourtant elle tourne » de Galilée au sortir du tribunal de l’Inquisition.
Après la mort de Jésus-Christ, à la naissance de l'Eglise, cette logique sera reprise et exploitée. Elle sera utilisée par les Pères de l'église pour faire progresser l'institution, c'est-à-dire l'Eglise (matérielle, hiérarchique, avec la communauté des fidèles soumise aux dogmes pontificaux.)
N.B. noter que dans ce cas, Eglise est écrite avec une majuscule, alors que l'on met une minuscule lorsque l'on parle d'une église en particulier.
La logique binaire s'appliquait très bien. D’où son succès pendant des siècles. En effet, la religion chrétienne oppose :
pour la réalité : Ciel / terre,
Dieu / diable,
en morale : bien / mal etc.
vertu / vice
innocence / péché
On voit que ça colle bien avec les deux mondes de Platon et la pensée par catégories d’Aristote.
Malheureusement, cette idée, pas mauvaise en elle-même, va se durcir en dogme, c'est-à-dire en vérités révélées et définitives, (évangile, table de la loi etc.) puis en vérités ajoutées (infaillibilité du Pape) relayée par la hiérarchie (Evêques, prêtres … / laïcs). Les textes sacrés et la parole des représentants de l'Eglise seront pour longtemps les seules références pour l'intelligence et la raison de l'homme. Il faut ajouter que la hiérarchie civile (roi ou empereur, seigneurs, nobles etc.) conforte, en parallèle, la hiérarchie religieuse en entretenant une certaine ignorance pour le peuple doublée de la grande misère qui sévissait alors. On comprendra mieux que l'évolution des idées arrêtées sur la base des « trois ordres » ait été lente du Moyen Âge au XVIe siècle puis au XVIII° siècle, jusqu’à 1789. C’était l’union « du sabre et du goupillon. » comme dans la chanson de Ferrat. Un premier mouvement d'opposition et de libération apparaîtra avec le 16e siècle, en France, avec le siècle de la Renaissance conjuguée à la découverte d Gutenberg pour la diffusion du savoir.
La première opposition sérieuse sera due à Luther, en religion, sur au moins 2 points :
- contestation de la hiérarchie catholique à cause de sa richesse et de ses mœurs dépravées contraires à l'esprit de l'Evangile.
- nécessité de revenir aux sources, c'est-à-dire aux textes sacrés en eux-mêmes plutôt que de recourir aux interprétations données par le Pape et les évêques.
Ce mouvement religieux, appelé « protestantisme », ouvrira un essor parallèle en littérature et dans un mouvement de pensée que l'on appellera « l'humanisme ». Ses principaux représentants furent Érasme, Montaigne, Rabelais. Une même libération vis-à-vis des dogmes, un même retour aux textes anciens, notamment à ceux de l'antiquité, furent préconisés.
L’invention de l'imprimerie par Gutenberg, en 1440, à Strasbourg, participa fortement à la diffusion de ces idées nouvelles, sur le plan de la religion et de l’Humanisme. Comme c'est souvent le cas dans le mouvement des idées, avec l'arrivée au pouvoir de Louis XIV, et la montée en puissance de la hiérarchie catholique, une sorte de stagnation s'établit au XVIIe siècle.
En concordance avec la pensée « soumise », il faut noter les règles formalisées par Boileau sur la façon de penser et d’écrire en particulier des pièces de théâtre et des poésies eurent des effets heureux. Bien qu‘elles soient assez strictes, elles ont favorisé l'éclosion des chefs-d’œuvre classiques de Corneille, Racine, Molière, La Fontaine etc.
Cette sorte d'apogée de la royauté, de la religion et de la littérature ne sera pas absolument uniforme, ni homogène. Comme dans tout groupe humain, des exceptions se feront jour comme par exemple, le dévouement admirable d’un Saint Vincent de Paul. A la fin du XVIIe de siècle et au du but du XVIIIe apparaîtront des œuvres moins classiques : Marivaux, Beaumarchais. (Querelle des Anciens et des Modernes) Sur le plan de la hiérarchie civile, une détérioration se fera jour qui sera confortée par une certaine faiblesse de la royauté. Louis XV n'est pas le « Roi Soleil », Louis XVI sera plus faible encore et y laissera sa tête. Des signes de contestation apparaîtront plus nombreux qui déboucheront sur la Révolution française de 1789. Le XVIIIe siècle, appelé siècle des Lumières, avancera des idées nouvelles, tout en perpétuant le classicisme dans la manière d’écrire. Par certains côtés, les idées avancées, par Rousseau, en particulier, favoriseront l'arrivée du « Romantisme » et des différents mouvements littéraires jusqu'à nos jours. Ce développement sert de contexte à la présentation du mouvement des idées en philosophie. Il est parfois souhaitable en philosophie de balayer large pour repérer des états et des évolutions.
Cela permet de noter la coexistence et le brassage continuels de tendances contradictoires – incompatibles au niveau du dire et non des faits – comme dans notre vécu au long des jours : ordre et désordre, chaos et logos, classicisme et romantisme. C’est une sorte de mouvement perpétuel nous renvoyant à la nécessité d’une réflexion philosophique comme continuité et comme rupture.
à Retour à l’angle proprement philosophique sur la connaissance.
Les questions principales sont celles que posait Kant, au début de « la Critique de la Raison pure », sensiblement dans les mêmes termes que Descartes.
- qu’est-ce que connaître ?comment connaître ?
- Comment connaissons-nous ? Par quels moyens ? Avec quels succès et quelles limites ?
- pourquoi cherchons-nous à connaître ?
- cadre général :
- que veut dire l’expression : parvenir à la vérité ?
- comment opère la science ?
- Que valent les résultats obtenus : hypothèses / lois / théories / applications ?
à L’accent sera porté ensuite sur les DIMENSIONS de la connaissance.
- angle historique et philosophique, en approfondissant le point évoqué plus haut.
- angle psychologique, sociologique, ou anthropologique,
- angle technique ou méthodologique.
- angle scientifique.
- retour à l’approche philosophique enrichie des connaissances acquises par l’étude du dossier CRR.
Chacun de ces points de vue sera examiné en détail plus loin. C’est un procédé didactique qui vaut ce qu’il vaut mais il a le mérite de permettre de structurer les nombreuses connaissances à acquérir sous le titre Connaissance / Raison / Réel. (CRR).
Ma présente pérégrination spéculative a dû te convaincre.
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