Grand Horloger
Cet article pourrait aussi bien se trouver dans "la Pratique et les fins" ou "Morale"
De quelques connaissances à la construction d'un texte.
Léo le 20 février 2013
Voltaire : le grand horloger.
à Blog ; Au fil des jours, une année scolaire se déroule avec pour chacun ses soucis et ses tâches.
De mon côté en tant que formateur ou professeur, j'ai en tête la préoccupation de faire le tour de ce que l'on appelle le programme de philo. avant le début du mois de juin.
Depuis un an, à l'ouverture du blog « PhiloPapy », j'ai repris un certain nombre de cours de jadis que j'ai revus, retraités … ce qui a donné lieu à la production sur ce blog d'une centaine d'articles, à ce jour. Si on consulte la table des matières, on s'aperçoit que les principaux secteurs du programme ont été remplis par un certain nombre de chapitres.
Par rapport au programme officiel, chacun peut donc faire le point sur ce qui est acquis et sur ce qui reste à faire.
Mais dans la vie, comme on dit, tout ne se déroule pas comme sur le planning administratif d'une entreprise industrielle. Il y a des hauts et des bas. La prise de virage de mes 83 ans, le 20 janvier dernier, n'a pas été sans problèmes. Je suis donc obligé de réviser mes projets en fonction de certaines urgences.
Pour certaines parties, je me contenterai des notes anciennes sans trop perdre de temps à du peaufinage peut-être nécessaire mais pas absolument indispensable. Ceci dans le but de te permettre de voir le programme dans sa totalité dans les quelques semaines qui viennent. Je noterai ces articles par un titre en haut à gauche : « Texte brut ».
Pour les textes nouveaux ou retouchés, il n’y aura pas de titre : ils seront donc faciles à reconnaître comme celui d’aujourd’hui, par exemple.
Cet article est purement occasionnel, donc nouveau.
Lors du passage hier après-midi de ma petite fille Léonie, on en est venu à parler de temps et d'horloge. J'en ai profité pour tester certaines de ses connaissances scolaires en particulier avec la phrase de Voltaire concernant le grand horloger. Un « pont aux ânes » inévitable de tout bachelier.
(j’ai expliqué à Léo qu’on les a appelés « ponzauzânes » sur le blog puisque le pluriel ne s’emploie guère.)
À la base il y avait les connaissances qu’elle pouvait posséder plus quelques-unes que je pouvais ajouter dans la conversation et cela a donné un développement que j'ai intitulé après-coup : « des connaissances générales à la production d'un texte. »
En reprenant, comme à l'accoutumée, ma manie d'en passer par la méthode, puisse que mon objectif en tant que prof. est de te livrer des informations, des réflexions, des connaissances, des conseils … pour que tu puisses les comprendre, les assimiler afin de les utiliser effectivement dans une production orale, graphique ou écrite qui te soit propre.
L'exemple de l’horloge de Voltaire peut servir de démonstration.
À la base donc, le dialogue avec Léonie : d'un côté, ce que je souhaite repérer et utiliser dans ses connaissances, d'un autre ce qu'il faudrait savoir pour produire un texte sur ce thème très large balayant plusieurs secteurs du programme et pouvant se référer à de nombreux sujet de dissertation.
Pour l'instant du point de vue de la méthode on laissera de côté cette recherche ; on y reviendra plus tard pour valider le processus.
Avec Léonie la conversation prend la tournure suivante : Voltaire tu connais ? Oui ! Elle situe également le XVIIe et XVIII° siècles, Louis XIV Roi-Soleil, despotisme, misère du peuple ou Tiers État, privilèges des Nobles et du Clergé. À l'occasion : référence à la chanson de Ferrat : « le sabre le goupillon » (courte explication).
Depuis la mort du Roi en 1715, ça s’est encore aggravé avec une grande famine en 1786. Les idées de Voltaire, Rousseau, de Diderot, du Siècle des Lumières se répandent. Le 14 juillet 89 approche.
Jusqu'ici, il s'agit simplement d'un cadre général pour le problème que Léonie a bien voulu évoquer avec moi.
Celui du grand horloger : généralisation ; c’est le thème de l'existence de Dieu.
De mémoire je lui rappelle la phrase de Voltaire vers la fin de sa vie lorsqu'il était retiré à Ferney-Voltaire près de Genève : en gros c'était ceci : pour une si grande et merveilleuse horloge (le monde) il n'est pas possible qu’il n’y ait pas un grand horloger.
Il s'agit d'une des preuves possibles permettant d'affirmer l'existence de Dieu. Elle vaut ce qu'elle vaut elle pourrait être discutée. Pour tout le monde : il n'y a pas d'effet sans cause. Il ne peut pas y avoir de monde créé et organisé, à la perfection, selon Voltaire, sans qu'il y ait un créateur et un organisateur parfait. Même cette nécessité, par principe, d'une cause originelle reflète Une conception du monde qui pourrait se voir opposer une autre vue d'un univers issue du chaos ou du hasard etc. mais c'est un autre problème pour un autre jour.
La réflexion de Voltaire marque une évolution dans sa conduite et sa façon de penser par rapport à Dieu et à la religion.
Notons tout de suite que c'est par rapport à ce double thème qu'il posait le problème et pas seulement sur une question de relation intime entre lui et Dieu.
En méthodologie, les spécialistes recommandent dans le traitement d'un problème de rechercher un concept ou un moyen dit « intermédiaire ». Ici, c'est simple, il y a une trilogie : Dieu, religion, Voltaire. Notons que sans le terme intermédiaire à savoir « la religion » on ne peut tenir aucun raisonnement dans le cadre choisi.
Une autre connaissance générale possédée par Léonie et qui constitue un « pont aux ânes » tellement général que personne ne le conteste : Voltaire était « athée » (au minimum : Incroyant ? Mécréant ? Non pratiquant ? Etc. on a le choix.)
Pour ma part je crois que Voltaire était plutôt incroyant car, en homme intelligent, il devait bien s'apercevoir que prendre une position athéiste c'était se mettre dans l'impossibilité d'argumenter sur quoi que ce soit. En dehors des querelles de mots, athée ou incroyant, c'est un attribut que Voltaire a porté pendant toute son existence.
Dire qu'il le fut dans le contexte du Siècle des Lumières avec tant d'autres est finalement peu intéressant.
Essayer de comprendre en quoi consiste la position de Voltaire et son changement de cap vers la fin de sa vie me semble plus intéressant.
A ce moment-là, sans que l'on sache très bien, Voltaire s'est montré « pratiquant »
La villa qu'il avait achetée à Ferney était contiguë de l’église du village. On pouvait d'ailleurs passer directement de la résidence à ce lieu de piété. Voltaire y allait ; il avait même, au premier rang, une place attitrée qu'il occupa jusqu’à la fin de sa vie, chaque dimanche. A-t-il retrouvé la foi ou non ? Nul ne sait. En tout cas, il était redevenu pratiquant.
Opérons un retour en arrière et essayons de voir en quoi consistait l’incroyance ou l'athéisme de Voltaire au temps de sa vie publique lorsqu'il défendait Calas et s'insurgeait contre toute injustice existant autour de lui dans le cadre de la vie sociale d’alors.
Une hypothèse pourrait être envisagée : est-ce que la position athée de Voltaire est fondamentale par rapport à l'existence de Dieu ou conjoncturelle par rapport à l'institution « Eglise », représentante patentée de la croyance en Dieu ?
J'éviterai la tentation facile de dire que Voltaire s'est converti, comme beaucoup, à la fin de sa vie et à l'approche de la mort.
Je préférerais adopter plutôt la position suivante : la personnalité et la conduite de Voltaire s'expliquent par une tendance fondamentale à lutter contre l'injustice sociale et l'exploitation de l'homme surtout à cette époque de défense excessive de certains privilèges par la Cour la Noblesse et le Clergé.
Comme cela représentait aux yeux de Voltaire le parti des croyants, il était facile de faire l'amalgame et de jeter dans le même panier le sabre et le goupillon avec Dieu par-dessus.
Cette prise de position vaut ce qu'elle vaut mais elle laisse l'avantage de présenter une interprétation assez cohérente de l'évolution du comportement de Voltaire pendant toute son existence sans avancer de conjectures osées sur sa foi finale.
Ce raisonnement tenu, la preuve a été faite que moyennant l'exploitation de quelques connaissances on pouvait construire un texte en manière de dissertation.
Resterait bien sûr dans une thèse de doctorat à valider les informations principales par le recours à des références exactes tirées de la vie de l’auteur et de ses écrits. Plus modestement, on pourrait se contenter de voir dans quelle mesure quelques citations et sujets de dissertation concernant ce thème pourraient valider le raisonnement suivi dans ce développement.
Recherche à suivre de ces échantillons. Léonie m’a entraîné sur des chemins que je ne voulais pas explorer aujourd’hui …
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