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Dire NON.

Méthode : un texte est proposé suivi de questions. Ne lire les réponses que quand on a fini le travail personnel de réflexion.

 

Alain : Dire  NON. 


« Penser c'est dire non. Remarquez que le signe du oui est d'un homme qui s'endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi? Au monde, au tyran, au prêcheur. Ce n'est que l'apparence. En tous ces cas-là, c'est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l'heureux acquiescement. Elle se sépare d'elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n'y a pas au monde d'autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c'est que je consens, c'est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître en moi, c'est que je respecte au lieu d'examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C'est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c'est nier ce que l'on croit."       Alain : « Propos » 1924

                                                                                                                                                                                                        

 

Alain, de son vrai nom Emile-Auguste Chartier (1868 - 1951   ) est un philosophe, journaliste, essayiste et professeur de français. Il écrit différentes chroniques dans « La Dépêche de Lorient » puis dans « La Dépêche de Rouen et de Normandie ».


1. dégager les éléments d'information pouvant se ranger dans une des deux catégories suivantes.

Après avoir constitué une double liste par un effort personnel de rédaction, confronter les résultats à ceux du tableau suivant.

 

oui

NON

s’endormir

secouer la tête

acquiescement

rupture

elle-même

contre elle-même

consentir

chercher autre chose

respecter

examiner

somnolence

 

croire

réfléchir

   

 

2. Dans le texte, souligner les mots-clès qui permettent de comprendre le message.

3. Trouver des arguments (idées + exemples) montrant que "réfléchir, c'est nier."

4. Serait-ce une bonne définition de la philosophie ?

5. Expliquer : "c'est à elle-même que la pensée dit non."

6. Recenser les types d'endormissement proposés par Alain en parallèlle avec ce à quoi on doit s'opposer.

7. Es-tu pour ou contre la position d'Alain ? Exprime-toi librement mais avec des arguments pour ou contre justifiés.

 

Tenir compte de la manière particulière de penser et d'écrire de l'auteur. On aime ou ou n'aime pas ; c'est un autre problème.

 

Sa manière de philosopher tient à son métier de journaliste. : ce sont des « Propos » en une trentaine de lignes au maximum. Les sujets sont les plus divers, un peu comme pour les éditoriaux dans la presse actuelle.

Ce qu’on peut retenir de sa manière d’écrire c’est le côté ondoyant de son style : il ne craint pas, comme ici, d’user de la redondance : il emploie des termes équivalents, complémentaires ou opposés

Sa position philosophique se catégorise difficilement. Il n’avance pas de thèse centrale ou originale fortement structurée comme c'est le cas pour Kant, par exemple. Il écrit comme il pense ; il pense et il écrit.

On dit ordinairement de lui qu’il serait plutôt un philosophe « intellectualiste ». En ce sens, il croit à la supériorité et à la puissance de l’esprit et de la volonté contre tous les déterminismes environnants, matériels ou idéologiques.

Cette position s’appuie sur le pouvoir des mots comme c’est le cas plus haut.

Ce sont les mots qui, métaphysiquement parlant «  créent le vrai réel et constituent notre essence."

Il est de la lignée des Socrate, Platon, Descartes, Kant mais a à sa manière.

Dans cette perspective, il s’est opposé au freudisme car il trouvait qu’on faisait la part trop belle à l’inconscient. Celui-ci tendrait à excuser trop facilement nos fautes et réduirait abusivement notre responsabilité. Ce serait une démission pour notre intelligence et notre volonté.

Sa définition de la morale (dans une lettre sur Kant) marque bien sa position.

« La morale consiste à se savoir esprit et, à ce titre, obligé, absolument; car noblesse oblige. » 

Tout repose sur le sens et l’emploi des mots, sur une sorte de retentissement qu’ils peuvent avoir en nous, affectivement et intellectuellement.

Se savoir : position intellectualiste.

Esprit : au sens métaphysique et religieux du terme.

Ce sont deux piliers qui fondent l’obligation (morale)

Absolument, comme dans les impératifs catégoriques » de Kant.

Avec une répétition insistante : c’est bien la noblesse (sentiment très élevé) qui oblige. C’est l’idéal de « noblesse » du Moyen-âge, du moins, en littérature.

 

Plusieurs remarques s’imposent qui font progresser dans les approches possibles de  la philosophie. Ce doit être une quête incessante un peu comme le faisait Alain en publiant  chaque matin des nouveaux « propos » en éditorialiste du quotidien.

Mais cela nous condamne à pratiquer la méthode en spirale d’Alain. On découvre une assise : par exemple, « la philosophie, c’est le pouvoir des mots », mais, aussitôt cela posé, il faut rebondir sur d’autres problématiques. Les mots correspondent-ils bien au réel ? N’y a-t-il pas nécessairement dénotation et connotation donc renvoi à d’autres résonances sémantiques ou à d’autres réseaux de connaissances.

C’est le côté concepts « flottants » de la philosophie qui en fait le charme et la difficulté.

 

Compléter cette étude par celle de l'article : "la philosophie, pour Alain."

 

Avec ces deux extraits, nous avons dèjà bien avancé dans la compréhentsion de cette discipline.

C'est une ascension : il faut grimper et s'approcher progressivement du sommet.

 

 



28/12/2011
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