PhiloPapy

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Enfer_les autres.

SARTRE : HUIS CLOS

 

 

Huis clos

Lire la pièce

Ou au moins la fin de la scène 5

 

Lire d'une traite, pour le plaisir

Puis en se posant une question : quels sont les détails du texte qui marquent le plus par insistance, par répétition ... l'idée d'enfer  (insupportable) ?

 

Pièce de théâtre – 1944 -  en un acte

 

Dernière scène (5) 

 

Trois personnages décédés sont condamnés à vivre  ensemble dans une pièce étroite pour l'éternité

 

Personnages :

 

Inès

Estelle

Garcin

 

plus le garçon d'étage.

 

C’'est la fin de la pièce : les dernières répliques.

 

 

Garcin

C'est pourtant vrai, Inès. Tu me tiens, mais je te tiens aussi.

Il se penche sur Estelle. Inès pousse un cri.

Inès

Ah ! Lâche !  Lâche ! Lâche ! Va te faire consoler par les femmes.

Estelle.

Chante, Inès, chante !

Inès !

Le beau couple ! Si tu voyais sa grosse patte posée à plat sur ton dos, froissant la chair et l'étoffe. Il a les moins moites ; il transpire. Il laissera à une marque bleue sur ta robe.

Estelle

Chante ! Chante ! Serre-moi plus fort contre toi, Garcin ; elle en crèvera.

Inès

Mais oui, serre-la bien fort, serre-la ! Mêlez vos chaleurs. C'est bon l'amour, hein Garcin ? C'est tiède et profond comme le sommeil, mais je t'empêcherai de dormir.

Estelle.

Ne l'écoute pas. Prends ma bouche ; je suis à toi tout entière.

Inès

Eh bien, qu’attends-tu ? Fais ce qu'on te dit, Garcin le lâche tient dans ses bras Estelle, l'infanticide. Les paris sont ouverts. Garcin le lâche l'embrassera-t-il ? Je vous vois, je vous vois ; à moi seule je suis une foule, la foule. Garcin, la foule, l'entente-tu ? Lâche !  Lâche ! Lâche ! En vain, tu me fuis, je ne te lâcherai pas. Que vas-tu chercher sur ses lèvres ?  L'oubli ? Mais je ne t'oublierai pas, moi. C'est moi qu'il faut convaincre. Moi. Viens, viens ! Je t'attends. Tu vois, Estelle, il desserre son étreinte, il est docile comme un chien … Tu ne l'auras pas !

Garcin

Il ne fera donc jamais nuit ?

Inès

Jamais.

Garcin

Tu me verras toujours ?

Inès

Toujours.

Garcin      (abandonne Estelle et fait quelque pas dans la pièce. Il s'approche du bronze.)

Garcin

Le bronze…    (Il le caresse.)    Et bien, voici le moment. Le bronze est  là, je le contemple et je comprends que je suis en enfer. Je vous dis que tout était prévu. Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur le ce bronze, avec tous les regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent…     (Il se retourne brusquement)     Ha ! vous n’êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses.    (Il rit.)

 Alors c'est ça l'enfer. Je ne  l'aurais jamais cru… Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril… Ah !  quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer c'est les Autres.

Estelle

Mon amour !

Garcin      (la repoussant.)

Laisse-moi. Elle est entre nous. Je ne peux pas t’aimer quand elle me voit.

Estelle

Ha ! Eh bien elle ne nous verra plus.

(Elle prend le coupe-papier sur la table se précipite sur Inès elle lui porte plusieurs coups.)

Inès     (se débattant et riant)

Qu'est-ce que tu fais, qu'est-ce que tu fais, tu es folle ? Tu sais bien que je suis morte.

Estelle

Morte ?

(Elle laisse tomber le couteau. … Inès ramasse le couteau et s’en frappe  avec rage.)

Inès

Morte ! Morte ! Morte ! Ni le couteau, ni le poison, ni la corde. C'est déjà fait, Comprends-tu ? Et nous sommes ensemble pour toujours.

Estelle       (éclatant de rire)

Pour toujours, mon Dieu que c'est drôle ! Pour toujours !

Garcin,              (rit en les regardant.)

Pour toujours !

 (Ils tombent assis, chacun sur son canapé. Un long silence. Ils cessent de rire et se regardent. Garcin se lève.)

Garcin

Eh bien continuons.

 

 

Rideau.


2° partie.

explications et commentaires.

 

Protocole pour la recherche d’idées : un cheminement parmi d’autres.

 

Il s’agit de propositions d’emploi de techniques et non d’un modèle.

Elles ne peuvent se révéler efficaces qu’au prix d’un travail personnel de reformulation et  d’application à des exemples.

 

Application : exemple de problème à traiter : Sartre : « l’enfer, c’est les autres »

Idées jetées sur le papier, sans évaluation, ni souci d’organisation ou de rédaction prématurées.

 

 Reprise des idées principales :

 

Dimension religieuse : enfer =  peine capitale, éternelle, inévitable.

En punition de péchés commis, impardonnables.

 

Nous sommes condamnés, enfermés  = « Huis clos » (1943)

 

Cette pièce de théâtre est symbolique de l'existentialisme, mouvement littéraire du début du XXe siècle où l'être humain et les événement fonctionnent sous l'égide de la contingence.

 

Le mot  « enfer » est pris dans un sens particulier. Ordinairement, en religion, c’est une condamnation pour faute irréparable : avec plusieurs caractéristiques à développer.

 

Enfermement, prison, clôture (Huis-clos)

Sans appel, pour l’éternité,

Inévitable comme la présence des autres avec tout ce qu'elle impose : pressions de toute sorte, éducation, normes, interventions, paroles, obligation (morale), contraintes, tortures, violence  … ...

 

On pense d’abord à un entourage matériel, topologique …

Ici, la barrière est physique mais surtout symbolique.

Avec une question : pourquoi cette équation : enfer = les autres ?

Face à d’autres conceptions du groupe ou de la société : autrui, le prochain, la différence, altruisme, charité, égalité … St Martin donnant sa tunique, l'Abbé Pierre, Coluche ...

 

Il faut donc exposer ces différentes positions pour argumenter pour ou contre la thèse de Sartre. C’est plus facile sur les assises idéologiques de l’existentialisme que sur des bases rationalistes ou religieuses : l’existence opposée à l’être, le « Dasein » (être là) opposé aux essences.

 

Réponse à la question : en quoi - principalement - cela correspond à l'enfer ?

Au centre c'est "le regard" puis les jugements de valeur (souvent injurieux).

Le thème du regard a été développé par Sartre et les existentialstes : comme fonction vitale universelle : sous le coup du regard, oeil de faucon, oeil perçant ... (le dieu Horus en Egypte antique) ; l'oeil qui voit mais qui peut être examiné, décrypté,  (un regard profond, transperçant ...)  L'insistance de Sartre est justifée : le regard, c'est bien l'enfer.

                                                                                             



04/03/2012
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