PhiloPapy

PhiloPapy

Etre bien savant ?

 

 

Alain : sujet de dissertation.
 
« Il faut être bien savant pour saisir un fait. »
 
 il se fout de nous ?
 
Premières réactions :
Rappel : un sujet de dissertation = un problème à traiter ; c’est même la raison d’être ce genre de sport scolaire …
D’où : attention !
 
Ici : une affirmation : courte, lapidaire :
Donc : importance de chaque mot comme : bien « savant » / saisir / fait …
Au premier abord : compréhension apparemment facile.
Cela peut apparaître comme une phrase banale, de « sens commun ».
 
Mais un doute : est-ce aussi simple ?
Ne serait-ce pas une provocation ? Surtout quand on connaît un peu la manière de penser et d’écrire d’Alain : journaliste qui rédige des éditoriaux rassemblés ensuite sous le titre de « Propos ».
 
Par le fait, c’est donc un mode de philosopher particulier, un peu à la manière de Pascal, c’est à dire très éloignée des grands systèmes de Platon, Descartes, Kant, Hegel …
Il s’ensuit une difficulté d’interprétation liée à l’absence de recours à des idées directrices qui pilotent le rationalisme platonicien, par exemple.
Il va falloir faire avec.
 
Méthode : rappel constant :
 
Notre esprit, malgré ses innombrables potentialités d’actions admet difficilement de tout faire en même temps : inventer, évaluer, ranger ou organiser, exprimer et communiquer par l’écrit …
Il y a donc intérêt à travailler par phases ou paliers séparés. Si on invente, on ne fait que cela et plutôt en notes schématiques, par des mots, des flèches, des couleurs que par des phrases, ligne par ligne … On verra les regroupements et rapprochements en chemin ou à la suite. A la fin seulement on en arrivera à l’évaluation, à la pesée des exemples et idées découverts.
Même le modèle ci-dessous est encore un  peu compliqué.
Mais ce mode « brouillon » rapide est recommandé.
 





Premiers essais d’organisation : par exploitation de ces notes
 
« il faut » : ni concession, ni nuances : c’est impératif.
 
« être bien savant » : pas seulement savant mais « bien » au sens commun des expressions du même type.
Cadrage : programme officiel : la connaissance et la raison / raison et réel. Ces dimensions sont sous-entendues dans l’affirmation : savant (qualité, capacité ou spécialiste ?) De quel savoir s’agit-il : définition complexe et renvoi à philosophie, sciences, pratiques, culture ; oppositions à  opinion (la « doxa » de Platon)
Dans la recherche d’idées directrices, il y a des standards de pensée ;  inclusions / exclusions / identités / analogies / différences … Il faut les connaître et les utiliser. Inutile de vouloir tout réinventer à la place d’Aristote. Se souvenir de cette phrase célèbre et bizarre dans sa construction syntaxique : « Tout est dit et on vient trop tard depuis qu’il y a des hommes et qui pensent. »
 
Le verbe « saisir » est, lui aussi, polysémique comme son compagnon « comprendre », même en passant par le latin « prendre avec …) ça ne fait pas avancer beaucoup. On se contentera de cette synonymie en gardant à ces mots leur sens habituel quitte à devoir préciser, selon le cas, le plan adopté : pratique, scientifique, philosophique, théologique …
 
Le même type de réflexions s’appliquer au mot « fait ». Tout le monde sait ou croit savoir. Quand on déclare : « C’est un fait ! » que veut-on dire exactement ? Des faits, on peut en évoquer une cargaison comme dans le brouillon ci-dessus
 
Le problème, et ce pourquoi il faut être «bien savant », c’est de replacer le fait (ou son expression) dans une réseau de relations si on veut vraiment saisir ou comprendre.
« 1515, Marignan » : quel fait ? si c’est une bataille : victoire ou défaite entre qui et qui, comment et pourquoi ?
 
Développement possible :
Introduction : situation et problème. Connaissance « vraie » ?  sous quels angles ou sur quels plans ? Est-il nécessaire d’être « bien savant » ?
 
OUI : devant la complexité du réel et sa traduction pertinente nécessaire par le langage. Va et vient entre deux types de complexités ; réalités  et langages, conçus comme emboîtements des réseaux de significations.
 
NON : sur un plan pratique : on ne dit pas d’un dépanneur ou d’un constructeur qu’il est bien savant : le plan intellectuel ou de la connaissance ne suffit pas. Il faut traduire cela en compétences et, alors, on quitte le plan du simple langage.
 
SI : par nécessité culturelle reconnue : passages obligés par toutes les branches du savoir, comme l’annonçait déjà Descartes : « se rendre comme maître et possesseur de la nature. »
 
Donc, après analyse, être en accord avec l’affirmation d’Alain pour les raisons développées et justifiées.
 
 
 
 



21/02/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Enseignement & Emploi pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 8 autres membres