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Gestalt-théorie

 

Gestalt-théorie

Voir aussi :  complexité  ordre désordre  « Entrelacs »

Noter le caractère « pragmatique » des connaissances proposées. On peut les analyser et les maîtriser dans les pratiques quotidiennes. Elles sont aussi « transversales » : on peut les employer un peu partout en philosophie.

 

Gestalt : mot allemand correspondant à forme, au sens de configuration perceptuelle et mentale (représentation).

Ainsi dans cette figure repérée immédiatement comme géométrique on énonce cube et non : lignes, rectangle, triangles, trapèzes. C’est à dire que la forme =le structure d’ensemble l’a emporté sur les éléments et les relations de juxtaposition.

« Le tout est différent de la somme de ses parties est  un des principes phares de la théorie de la gestalt. »

Voilà l’essentiel de la théorie ou psychologie de la forme.

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On perçoit l’importance de cette position dans la compréhension, la signification, le langage. Les signes de la langue sont des formes avec ce caractère spécifique, noté par de Saussure, qu’ils sont arbitraires càd. sans rapport de configuration ou de connotation avec des objets naturels.

Ainsi le mot « cube » renvoie à la représentation du cube mais n’est pas un cube en bois ou dessiné. Les philosophes diraient qu’il est une possibilité de cubes de toute matière, de toute taille… d’où la richesse de la langue en communication en tant que système de signes.(autre distinction du Suisse, père de la linguistique.)

Gestatlt-théorie.

Un exemple souvent utilisé pour définir le mot et la thèse est celui de la symphonie. Elle est certes composée de notes mais, finie, elle est autre chose que la comme des notes.

Il en est de même d’une phrase formée de mots juxtaposés dont émerge une signification qui est d’un autre ordre. On pourrait parler d’émergence ou de métacognition puisqu’on peut reprendre la phrase écrite sur un plan sémiologique (du sens) ou grammatical. On se placerait en quelques sorte « au-dessus » = « méta ») pour redire la phrase autrement en tant que signifié.

Le fait que l’homme perçoive les étoiles en configuration (Grande Ours etc.) traduit ce même mode de perception.

Il peut s’appliquer en sociologie : les groupes, les sociétés forment des entités structurées dont on peut étudier les expressions, les principes et les règles (voir dans « OeuvresPhilo » le texte sur la société comme système)

Dans un sens gestaltiste, Kurt Lewin a étudié « la dynamique des groupes » : la connaissance de ses règles est une aide à l’animation de groupes : Conseil d’Administration, équipes d’élèves …

 

Historique.

Informations complémentaires.

* « Les trois fondateurs Max Wertheimer, Wolfgang Köhler et Kurt Koffka sont les pionniers du groupe de Berlin sur la psychologie de la forme dans les années 1920.

* Kurt Lewin, fondateur de la dynamique de groupe.

* Fritz Perls (1893-1970), fondateur de la Gestalt-thérapie, et Paul Goodman.

* Wolfgang Metzger, Edwin Rausch et Kurt Gottschaldt sont les élèves qui sont restés en Allemagne après l'émigration forcée de Wertheimer et de Köhler. Karl Duncker, élève de Wertheimer et Köhler, a émigré aux États-Unis.

* Mary Henle et Solomon Asch sont deux représentants américains de la deuxième génération de psychologues de la forme.

* Paul Guillaume et Maurice Merleau-Ponty ont fait connaître la Gestaltpsychologie en France. »

L’élaboration de la théorie de la Forme a eu lieu vers 1920-1930 au moment de la prise du pouvoir par les nazis ; « les intellectuels juifs sont destitués de leur poste. Wertheimer, Köhler, Goldstein et Lewin ont émigré ou ont été forcés à s'exiler ; Koffka s'était déjà installé aux États-Unis quelques années plus tôt. »

Là, ils rencontrèrent d’autres difficultés moins dramatiques : la psychologie régnante était le « Behaviorisme », c’est à dire la tentative du début du XX° siècle pour établir une psychologie expérimentale. Il fallait limiter l’étude à ce qui est observable et mesurable à l’imitation de la physique, d’où la formule à la mode S-R. (Stimulus-Réaction) à la manière d’un rat obligé de franchir une grille électrique pour atteindre son objectif (nourriture ou femelle) selon la loi du plaisir-douleur. On appliqua ces schémas à l’étude  nos comportements.

 

Postulats gestaltistes.

* « le monde, le processus perceptif et les processus neurophysiologiques sont isomorphes » ; c'est-à-dire structurés de la même façon, il faut présupposer que les structures organiques correspondent aux structures perçues pour que le jeu puisse se dérouler. Exemple : parties d’une formes/couleurs et éléments constituants de la rétine

* Il n'existe pas de perception isolée, la perception est initialement structurée.  (savoir pourquoi : vaste problème ?)

* La perception consiste en une distinction de la figure sur le fond.

Examine ce que tu vois et nommes en premier et essaie de savoir pourquoi.

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En 2, le titre est ce qu’on appelle en communication un parasite ou un bruit (gênant).

Les trois figures sont ambigües : deux choses en une. Pourquoi la troisième oblige à un va et vient oculaire pour déceler le sens ?

Complémentairement, noter les liens avec le contexte : on dit plus facilement "vase" pour une figuration au milieu d’un étalage d’objets du même type que sur un fond de nuages ou de montagnes.

 

* Le tout est perçu avant les parties le formant. (débat)

* La structuration des formes ne se fait pas au hasard, mais selon certaines lois dites « naturelles » et qui s'imposent au sujet lorsqu'il perçoit.

 

== Les principales lois de la Gestalt ==

Cf. empirisme

* La loi de la bonne forme : « loi principale dont les autres découlent : un ensemble de parties informe (comme des groupements aléatoires de points) tend à être perçu d'abord (automatiquement) comme une forme, cette forme se veut simple, symétrique, stable, en somme une bonne forme. »

Voir le cube ci-dessus.

* La loi de continuité : « des points rapprochés tendent à représenter des formes lorsqu'ils sont perçus, nous les percevons d'abord dans une continuité, comme des prolongements les uns par rapport aux autres. » les images tronquées font sentir l’importance de cette loi.

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                           On remarquera la même conjugaison « perception / cognition » dans des va et vient entre les yeux et un répertoire de significations fonctionnant ordinairement par catégories : espèce animale / mammifère / canidés.

* La loi de la proximité : « nous regroupons les points d'abord les plus proches les uns des autres. » on peut aussi l’appeler de contiguïté, terme employé par Locke et Hume.

C’est un corollaire de la loi de continuité.

A noter (rappel) que ces lois furent, pour le mouvement empiriste, la base des associations des sensations et de leur transformation en idées. (voir « mouvement des idées »)

Voir aussi l’importance de Condillac alors que dans le savoir scolaire il peut passer pour un philosophe mineur.

* La loi de similitude : « si la distance ne permet pas de regrouper les points, nous nous attacherons ensuite à repérer les plus similaires entre eux pour percevoir une forme »

Ces lois appartiennent souvent aux théories associationnistes des Empiristes anglais et dans l’emploi des schémas de préférence à pensées et à l’expression « linéaire ». (voir de nombreux articles autour de cette idée employée en épistémologie et dans les théories de l’action : essaie de voir pourquoi et de faire les raccords pertinents.)

* La loi de destin commun : « des parties en mouvement ayant la même trajectoire sont perçues comme faisant partie de la même forme. »

Exemple.         FOOT_31.jpg
si on intercalait des images en pointillés le long de la trace laissée par le ballon à son passage.

* La loi de familiarité : « on perçoit les formes les plus familières les plus significatives. »

C’est par cette loi que les Empiristes justifient les associations et le passage des sensations aux idées au moyen de la répétition et de l’habitude de percevoir, concevoir d’un coup : ensemble, éléments et relations.

Par exemple l’habitue évoquée ci-dessus de faire jouer  « perception-formes et « cognition-signification »

« Ces lois agissent en même temps et sont parfois contradictoires. »

Les lois de cette liste correspondent aussi aux principes de la logique : et/ ou / non / si … alors.

Ainsi, sur une façade de maison : porte est contigu à mur et opposé à toit. Etc.

C’est ainsi qu’on apprend à parler, lire, écrire, compter, raisonner … par une familiarisation constante avec des structures, des règles, des répétitions, des consécutions …

Les associations deviennent automatiques : l’amorce d’un mot entraînent la prononciation du mot tout entier, comme le fait un « Organizer » quand tu as décidé qu’il te propose des mots à partir de 3 ou 4 lettres.

Si on pense « locomotive », on enchaîne wagons, voitures, convois …

APPRENTISSAGE.

Une dimension est à ajouter puisque dès les premiers moments de la naissance le bébé se met à apprendre par ses premiers contacts sensoriels avec son environnement maternel et physique. Cela est visible dès qu’il ouvre les yeux au bout de quelques jours : ceux-ci s’ouvrent, s’orientent, se fixent … il commence à apprendre lire(au sens large)

A partir de là, que s’ajoute-t-il à chacune de nos perceptions et conceptions même si ça reste global et inconscient.

C’est sur ce point qu’eurent lieu deux grands débats entre « innéistes » et « constructivistes »

Entre les Empiristes pour lesquels tout se construisait à partir des sensations et Leibniz, avec sa réplique imparable : « sauf l’esprit lui-même »  Terminus ! Tout le monde descend.

Un peu plus tard entre Piaget : l’intelligence se construit par la conduite d’opérations successives et progressives et Chomsky selon lequel il ne pourrait y avoir acquisition du langage sans prédisposition innée qu’il appelle une « grammaire générative. »

Le débat est loin d’être clos tout pendant que le cerveau sera en cours d’étude.

La perception globale ou « syncrétique » a donc une grande importance pour notre adaptation à l’environnement ; on pourrait même dire qu’elle marque le début de tous nos actes. On peut s’étonner que la « méthode globale » pour l’apprentissage de la lecture subisse tant de critiques non argumentée.

La phase suivante est l’analyse et nous ramène à Descartes. Quand le tour de l’ensemble des éléments et des relations est réalisé, on peut effectuer une recomposition qu’on appelle « synthèse ». Syncrétisme et synthèse s’opposent en définition, mais se complètent et s’engendrent réciproquement comme le conçoit Edgar Morin.

 

Finalement, l’acceptation du globalisme est le premier pas du parcours philosophique originaire pour trouver la substance ou l’essence des choses.

Le détour par l’analyse scientifique, assez mécaniste, était sans doute nécessaire pour aider les pratiques d’adaptation mais il fallait la dépasser en épistémologie, avec le concours des scientifiques eux-mêmes. Les exemples sont nombreux : les incertitudes d’Heisenberg, Einstein, les quantas, la théorie des cordes, le problème des trous noirs et de la composition déconcertante de notre univers.

oiseaux ou :et poissons ?                  dessus ou dessous ?

 Gestalt_21.jpg                         illusion_cubes2.gif
stop : tu as bine droit à un moment de relation ou méditation bougie.

 

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ANNEXES : informations complémentaires et vérifications par exercices.

Quelques généralités qui demanderaient des preuves serrées.

« Premièrement, les activités psychiques ont lieu dans un système complexe et ouvert, dans lequel chaque système partiel est déterminé par sa relation à ses méta-systèmes. »

Importante distinction, en théorie des systèmes, entre système clos, tel un moteur de voiture qui ne produit rien d’autre que ce qu’on lui a demandé et système complexe et ouvert qui est susceptible d’auto-évolution (« ré-auto-éco-organisation »)    comme dirait Morin)

« Deuxièmement, un système est conçu dans la théorie gestaltiste comme une unité dynamique définie par les relations entre ses éléments psychologiques. »

Pourrait-on parler de « fonctions » ?

« Troisièmement, et cela à la suite de certains amendements théoriques sur le dynamisme mental, on postule qu'un système montre la tendance vers une harmonie entre toutes ses qualités pour permettre une perception ou conception concise et claire, la « bonne forme ».

Harmonie et bonne forme : c’est une recherche esthétique et numérique (le « tout est nombre. » de Pythagore) en Gestalt-théorie, on par souvent de musique, comme chez Platon.

« Ehrenfels propose un exemple musical : lorsqu'on se rappelle une mélodie, on se souvient d'une structure globale de musique et non d'une suite successive de notes prises isolément. »

On pourrait aussi se demander si ce n’est pas un recherche de l’économie dans l’action comme le meilleur profil d’une voiture de course obtenue en soufflerie (ajoutant aussi l’esthétique)

 

Ensemble et partie + contexte

La théorie souligne aussi qu'une partie dans un tout est autre chose que cette même partie isolée ou incluse dans un autre tout - puisqu'elle tire des propriétés particulières de sa place et de sa fonction dans chacun d'entre eux : ainsi, un cri au cours d'un jeu est autre chose qu'un cri dans une rue déserte ; être nu sous la douche n'a pas le même sens que de se promener nu sur les Champs-Élysées.

Pour comprendre un comportement ou une situation, il importe donc, non seulement de les analyser, mais surtout, d'en avoir une vue synthétique (syncrétique) , de les percevoir dans l'ensemble plus vaste du contexte global, avoir un regard non pas plus « pointu » mais plus large : le « contexte » est souvent plus signifiant que le « texte ». « Com-prendre » c'est prendre ensemble.

Un exemple du philosophe Jean-Paul Sartre, influencé par la Gestalttheorie, permet de bien comprendre le fonctionnement de notre perception : reconnaissance d’un ami dans une salle de café. (voir OeuvresPhilo)

On peut même voir des applications en psychothérapie.

Inventée par Fritz Perls, la Gestalt-thérapie est une des thérapies psychocorporelles les plus répandues. Elle aide à avoir une vision globale de soi-même pour se soigner...

 

Images : gestalt : quelques échantillons montrant, si on réfléchit aux opérations engagées, comment fonctionne le couple perception-conception (ou image-idée) dans la communication.

Sans exclure les difficultés dans leur liaison à la « nomination » : non-dit, ambiguïté, stylisation, parasites (entropie) …

NBi les illusions d’optique.

A toi de jouer : je me contenterai de suggestions légères.

                                 

                                              Gestalt_22.jpg

Exemple : totalité, symétrie, complémentarité  …

Poursuivre : masculin, féminin …

 

 

Le parasitage géométrique empêche-t-il la saisie du mot.

       gestalt.jpg

Interrogation : c’est quoi ?

Bouteille ou tube ?

Tortue mais … (importance d’un détail : bouchon  queue ?)

et s'il y avait autre chose dans la représentation ?  (comme dans la chanson : "... et sa voix répond en écho.")

 

bouteille.jpg         tortues.jpg

Est-ce que nous percevons bien la réalité ? Ne serions-nous pas victimes d'illusions d'optique ? Cf. le proverbe : "L'habit ne fait pas le moine."

aire_idem.jpg          Gestalt_23.jpg

Le rond central a bien la même surface et pourtant … les droites sont bien parallèles.

La saisir gestaltiste n’empêche pas de devoir s’occuper de détails … comme dans la vie, pour reconnaître un visage … (importance de la fixation sur le croisement  nez / yeux qui est plus signifiant que le front ou la joue)

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Jeune ou vieille ou les deux ?     

Visage de femme mais c'est trop facile, cherche bien.

plus facile : coincoin / ou carotte ?

Remarque la résistance de notre première application d’une signification à l’obligation de passer  de l’une à l’autre avec les yeux  ET le cerveau.

 

Cirque, acrobate : quel nom ? Sur quelle forme d’ensemble et sur quels détails ? (vérification dans  les opérations de saisie perceptuelle)

    cirque.jpg

 

Revoir le cas des vases : est-ce que ça s’applique ici ?

 

Attention aux détails :

Uniquement trompettiste ou encore autre chose.

trompettiste.jpg

Si tu ne trouves pas deux choses, cligne les paupières et fixe l'ellipse à hauteur de la bouche.

 

Tu n’es pas obligé(e)  d’avaler cet ensemble d’une manière « holiste » (ce mot a été employé et défini ???) : découpe le steak en petits morceaux à déguster selon tes besoins ou tes désirs.

Pour tes productions d'écrits ou des révisions, applique la technique de la "pioche" comme aux cartes.



07/10/2014
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