Romans_11
ROMANS :
Nouvelle catégorie pour 2012-2013.
La PHILOSOPHIE par la lecture de ROMANS.
Ce sujet est traité ici simplement comme introduction à des développements qui se trouvent dans le blog "Oeuvres-philo"
S'y reporter.
ROMANS et PHILOSOPHIE.
Pendant les vacances ; la lecture de romans comme introduction à l’étude de la philosophie.
La lecture de romans est un moyen de faire de la philosophie, au sens habituel du terme : c’est à dire de la philosophie pratique, quotidienne, empirique comme dans les conversations courantes ou pour se cultiver.
Il n’y a pas ici de visées universitaires ou scolaires mais une pratique commune, analogue à celles que nous devons assurer tous les jours pour nous adapter à notre environnement. C’est une approche possible de la discipline (au sens fort) à aborder à la rentrée. C’est une analyse intéressante de notre vie intérieure. Elle comporte l’avantage d’être pensée et structurée par un auteur puis exprimée dans un langage que nous utilisons et comprenons sans exclure le plaisir de lire.
Tiens, au passage, par exemple, "le plaisir" est un titre du programme qu’il faudra étudier dans quelques semaines.
Dans cette perspective, voici un échantillon de romans. Tu en choisis au moins 3 pour l’été, selon tes goûts, après avoir lu l’introduction de je te propose.
Profite de cette offre car, en cours d’année, je ne te laisserai pas toujours autant de liberté.
Par ordre d’intérêt (les autres, plus philosophiques, on s’en occupera plus tard.)
Lis d’abord pour le plaisir ; ce n’est pas un travail scolaire pour le moment.
Au choix.
Mauriac : « Thérèse Desqueyroux » + « la fin de la nuit »
La vie difficile d’un couple de la bourgeoisie viticole bordelaise. Genre : « je t’aime, moi non plus … »
Bonne introduction aux titres du programme : la condition humaine, la psychologie, autrui, la différence …
Gr. Greene « le fond du problème »
Un autre couple : pas facile de se comprendre. L’adultère, la culpabilité, la conscience malheureuse …
Camus « l’Etranger »
Connu, archi-connu mais à relire et exploiter d'une manière philosophique. ne pas se contenter d'ânonner : absurde, absurdité ...
Comment sommes-nous perçus par les autres ? qui est étrange ? étranger dans ses comportements habituels ? Les jugements d’autrui, la Justice ? Qui a raison ?
Anouilh : « Antigone "
Faut-il sacrifier sa vie pour défendre une valeur ? Pas si simple, car les pièges ne manquent pas. Pauvre Antigone.
Koestler « le zéro et l’infini »
Les problèmes de la décision en politique. Peut-on prévoir les effets à long terme des lois que l’on fait voter quand on est au pouvoir ?
Bréviaire utile pour nos dirigeants politiques. Cf. un des sujets du Bac de cette année.
Huxley : « le meilleur des mondes »
(à mettre plus tard en // avec « la République » de Platon)
Malraux : « la condition humaine "
Des difficultés à conduire une révolution et à vouloir améliorer la société. A certains moments, il faut décider, agir, tuer ... sans être sûr d'être dans le vrai ...
Sartre : « Huis clos »
Que ferions-nous si nous étions condamnés à vivre éternellement à trois dans une pièce (un homme / deux femmes) ?
Méthode de travail :
- lire un de ces romans, d’abord pour le plaisir.
- relire pour détecter la structure du récit, les problèmes posés, les thèses abordées, le style de vie des acteurs …
- répondre à une série de questions : introduction à l’étude de la philosophie.
- commencer à s’habituer à brasser et à mettre en relation des idées extraites de ces lectures.
- éventuellement, faire une brève dissertation sur une citation tirée du roman lu.
Le projet
Romans et philosophie.
Peut-on faire de la philosophie en lisant des romans ?
Ordinairement un roman raconte une tranche de vie. La philosophie s'occupe d'une manière générale des « choses de la vie. » Donc il y a un rapport direct de contenu à contenu entre un texte de romans et un de philosophie. Ce dernier cependant a parfois des caractéristiques qui obligent à ne pas le lire à la manière d'un roman. Cela est évident.
L’'inverse est plus facile à justifier : tout roman comporte des dimensions philosophiques. Cela peut s'étendre au roman tout entier par le thème qui est traité, directement ou sur quelques passages et références..
Dans « Thérèse Desqueyroux » de Mauriac, d'héroïne sort du tribunal avec un acquittement : ainsi, on est immédiatement branché sur les problèmes philosophiques de la justice.
Il est moins évident par contre de faire un rapport entre le titre de Koestler : « le zéro et l’infini » et ce qu'on a appelé ensuite « la responsabilité historique ».
Il est donc intéressant de passer par la lecture de certains romans pour accéder à une réflexion d'ordre philosophique.
Une première évidence cependant s'impose : il faut d'abord lire le roman pour lui-même, donc pour le plaisir. Les problèmes philosophiques, on verra ça après.
Dans un deuxième temps, comme, par exemple « l'Etranger », une certaine méthode, un certain mode de lecture sont préconisés qui permettent de dégager une réflexion sur des thèmes philosophiques.
Cela veut dire, en clair, qu'il faut se contraindre à un type de lecture particulier : on abandonne pour un moment le plaisir de lire au profit de celui de réfléchir.
Je t’avais promis du plaisir de vacances, mais le piment « philo » est déjà bien présent.
Philosopher, c’est centrer son attention sur les mots et leur signification. Dans les faits, prendre des textes d'une manière philosophique consisterait à observer en nous un certain « retentissement » vis-à-vis des mots employés. Par ce terme de retentissement, j'entends ce que les mots provoquent en nous comme réaction intellectuelle et/ou affective. Les linguistes pour désigner ce phénomène emploient les termes de dénotation et de connotation.
La dénotation renverrait au sens strict des mots tels qu'on peut le trouver par la consultation d'un dictionnaire. La connotation pourrait être définie comme une sorte de halo entourant les mots tels qu'on les a saisis dans leur(s) signification(s) par l'usage quotidien et par certains types d'apprentissage. Pour prendre un exemple simple, un mot comme « émotion » a un sens ordinaire que tout le monde entend mais lorsqu'il passe par l'analyse de spécialistes en philosophie et en psychologie il prend des extensions multiples. Il en serait de même du mot « intelligence » ou de l'expression « être intelligent ». Dans les conversations courantes, c'est simple ; tout le monde croit comprendre, ce qui explique l’abus du jugement de valeur (être ou ne pas être intelligent) à l’école. C'est vrai d'une manière très générale. Mais lorsque en psychologie, on veut définir précisément le sens de cette fonction, les spécialistes proposent une belle variété de définitions soit sous la forme d'un texte ou d'une citation soit sous la forme d'un tableau beaucoup plus compliqué : un cube, comme celui de Guilford.
Les romanciers ne sont pas des linguistes ; ils ne donnent pas de définitions mais ils sont maîtres dans l'art de provoquer ces émotions au moyen des mots
S'intéresser au retentissement que peut provoquer en nous tel ou tel mot est donc une bonne première approche de la réflexion philosophique. On perçoit tout de suite que certains termes relativement simples renvoient à des problématiques variées. Exemple : être « bien savant ». Tout le monde accepte la formule, en gros. Pour « l'enfer », c’est pareil : si on n'a pas une connaissance minimale du langage religieux ou théologique cela ne doit pas vouloir dire grand-chose pour certains mais beaucoup trop de choses pour d'autres, croyants, par exemple. Une fois défini le mot enfer il n'est pas très facile non plus d'affirmer avec Sartre que l'enfer, ce mode de traitement particulier des péchés commis, nous est imposé par ceux qui nous entourent. « Les autres », c’est vague, ça demande explicitation.
Ainsi, il est avancé que la lecture de romans peut engager dans la réflexion philosophique mais une condition stricte est posée d'entrée de jeu c'est de bien prendre en compte le (ou plutôt les) sens des mots.
Ce sera l’entraînement méthodique qu’on appellera « philosopher » sur les deux blogues que je te propose : « Philopapy » et « Oeuvres-philo » Premier entraînement à une lecture active dans les exemples suivants.
EXEMPLES de premiers travaux sur ces romans.
Une nécessité à noter pour la rentrée.
Il faudra apprendre à rédiger à chaque chapitre important.
Exemple : par écrit
Camus : l’Etranger :
Remplis ce tableau : sur cette question :
Quelles sont les causes lointaines / immédiates de l’assassinat de l’Arabe ?
(ces causes sont dans les pages du livre de 93 à 95)
Causes lointaines ? |
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Causes immédiates |
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Rédaction sur l’Etranger :
Explicite ces deux lignes, page 95 : « Et c’était comme quatre coup brefs que je frappais sur la porte du malheur. »
Mauriac : Thèrèse Desqueyroux :
Le début du roman : cadre et ambiance ; « acquittée » : c’était couru, avec tous les appuis qu’elle avait ! (critique de la bourgeoisie par Mauriac)
Pour le jugement sur sa responsabilité :
Dans quelles circonstances, Thérèse a commis un acte (lequel ?) qui a pu donner lieu à des poursuites judiciaires ?
Avait-elle des raisons suffisantes pour faire cela ? Tu dois en trouver plusieurs.
L’acte lui-même se présente-il comme quelque chose de sanglant ? de monstrueux ? ou de flou ?
Où commence et comment se conforte la responsabilité de Thérèse ?
A-t-elle des excuses ?
Anouilh : Antigone :
Réponds d’abord aux questions par oui ou non, puis (cases suivantes), essaie de fixer un pourcentage pour chaque motivation d’Antigone.
Antigone a-t-elle agi : (sépulture de son frère |
OUI |
NON |
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% ? |
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Par caprice ? |
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Par orgueil ? |
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Par défi envers Créon ? |
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Par respect pour des valeurs ? |
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Par sacrifice ? |
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Par inconscience ? |
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Pour rien ? |
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N.B. dans les %, il peut y avoir des « 0 » |
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En quoi et pourquoi Antigone s’est-elle fait piéger ?
Créon ne pouvait-il pas l’informer plus précisément de la situation ?
Au fond, ne l’a-t-il pas laissée s’enfermer dans son argumentation pour se débarrasser d’elle car elle était gênante pour l’exercice de son pouvoir ?
Malraux : la condition humaine : (pages 9 à 15)
Analyse de la phase « décision » dans un acte (criminel).
Le psychologique et l’idéologique se mélangent.
Tchen, le révolutionnaire chinois, doit tuer un « ennemi » pour pouvoir lui dérober un papier important (bon pour une livraison d’armes).
Au cours des minutes qui précèdent le crime, il observe (quoi ?), il réfléchit (à quoi ?), il agit (Comment ? en plusieurs actions jusqu’à l’acte final ?) Réponses dans le tableau suivant.
Observe quoi ? qui ? |
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Réfléchit à quoi ? |
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Agit comment ? par quels actes ? |
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Est-ce que cette action (difficile) aura été totalement utile ? (réponse page 18)
Note une grande idée générale « transversale » : « l’ambiguïté » dans toute action humaine.
En reprenant des détails ou des exemples, tu peux montrer que c’est le cas pour chaque héros des romans lus, sous des formes particulières : comportements ordinaires puis jugés bizarres chez Meursault ? Idéalisme et naïveté pour Antigone ? Duplicité de Créon. Amour innocent et protecteur avant de devenir intéressé et adultère pour Scobie.
Ce type d’enquête rend intéressante la lecture d’un roman puis passionnant son prolongement en réflexion philosophique.
? ? ? ? que tu as le droit de te poser.
Pour une activité de vacances tranquille, tu dois trouver que j’y vais un peu fort !
Tu es averti(e) : avec moi tu peux t’attendre à tout : du Charolais avec un bon Bourgogne plutôt que des petits pots Nestlé.
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