Nature Culture
Nature ou culture civilisation société.
Plusieurs sources ou bifurcations : « œuvres-philo » et articles de « Philopapy ».
N’oublie pas que je t’ai recommandé de fabriquer ton propre aide-mémoire nommé « ponzauzânes ». C’est le moment de le relire.
Ce sont des termes inscrits au programme officiel du baccalauréat et qui demande une attention particulière à cause même de leur polysémie.
Tout le monde pense en saisir au moins un sens commun mais devant un sujet de dissertation portant sur l'un d’eux, il s'agit d'un autre sport. Cherchons à résoudre ces difficultés avant d'en explorer les différents contenus sémantiques.
Comme cela arrive sur « Philopapy » avec des articles traitant de grands thèmes, un renvoi est prévu à des textes situés sur le blog « œuvre-philo ».
C'est le cas ici et un va-et-vient constant doit s'établir entre les deux blogues.
Par exemple les textes des sociologues Linton et Malinovski sont peu consultés. Or le parallèle entre culture et civilisation ne peut être traité sans eux.
Le mot nature est constamment employé dans le savoir humain. Il correspond à un existant qui sert d'appui (conceptuel) permanent à la réflexion philosophique. Les références sont constantes depuis Socrate jusqu'à Rousseau et aux Existentialistes. On fait comme si écrire : la nature de l’homme est de … ou c’est la nature … ou encore « l’homme est naturellement bon. » était une clé magique. Vers 1936 – 1939, à l’école et au catéchisme on définissait l’homme comme « un être raisonnable » : ça devait bien faire rigoler Hitler et ses sbires.
Le recours au concept de nature comme fondement de la pensée et de l’existence humaine est familier en littérature et en philosophie mais sujet à caution à cause justement de cet emploi multiplié et généralisé. Les scientifiques sont plus précis dans la délimitation de leur objet d'étude. Les biologistes, par exemple, préfèrent parler de la structure et du fonctionnement d'un « organe vivant » que de « la vie » en général qui ne donne pas facilement prise à des méthodes de traitement objectif, observable, quantifiable et vérifiable. Ce qui constitue le « ba a ba » de l'épistémologie.
Les exemples abondent qui montrent les difficultés d'emploi de ce terme.
Utilisons un zoom avant.
La nature c'est d'abord ce qui était à l'origine qui n'a pas été fabriqué. Naturel est alors le contraire d’artificiel.
La nature humaine ce serait donc une entité biologique se rangeant sous la définition précédente mais avec des difficultés pour cerner l'extension du mot, par exemple avec l’emploi de l’adjectif «humain ».
Cela peut aller d’un moi concret à l'ensemble des humains et à un certain nombre de caractéristiques servant à définir l'homme avec un H majuscule. Alors quand un penseur dit que l'homme est « bon par nature », par exemple qu'est-ce que cela veut dire ? Même question pour la récente expression en droit pour « Crimes contre l'humanité » Quand on veut juger un criminel il est souvent difficile de qualifier ses actes pour savoir à quel titre le juger. Le cas de l’ancien dictateur irakien ou de Bachar el-Assad montre cette ambiguïté. Or en matière de Justice il ne saurait y avoir de « peut-être ». C’est « coupable ou non ». Quand y a-t-il « génocide » ? est une question du même ordre.
On réalise par ces quelques réflexions combien est difficile une distinction tranchée entre les sens possibles d’un mot ou d’une phrase. C’est pire encore à propos de l’interprétation d’une image qui est polysémique au maximum. Les linguistes appellent dénotation » ce qui serait le sens littéral d’un terme trouvé dans le dictionnaire, par exemple et connotation tous les sens ajoutés par l’usage et enregistrés par chaque personnalité particulière en rapport avec une extrême diversité de contextes. Le sens d’un terme devient une véritable galaxie incluant des non-dit, des sous-entendus, un vécu sentimental, un investissement personnel dans le mot et la chose … issus des conversations et des expériences courantes. C’est autant de sens superposés qui augmentent les quiproquo, les mésententes, les conflits …
Les mêmes processus doivent s'adapter au mot « civilisation » en raison même de sa grande extension quoique les traitements sociologiques permettent de réduire une trop grande divagation sémantique
La culture, par contre renvoyant à une entité plus vaste est difficile à circonscrire du fait que le concept a été enrichi et complexifié par toute une histoire et de très nombreux utilisations entre les hommes.
Une variation relativement récente de l'emploi de ce terme peut être trouvée aux alentours des années 1936 et1960 au sein de l’Education Nationale.
A la fin du XIXe siècle, l'école était un lieu de positionnement des individus d'une société donnée. Par nécessité économique mais aussi par idéologie, le statut social de chacun était nécessairement hiérarchisé. Ce qui veut dire qu'être cultivé c’était manifester un certain nombre de compétences ou de carences, principalement sur un plan intellectuel (et souvent littéraire : faire ou non du latin) qui faisaient que l'on était ensuite manœuvre ou dirigeant. La discrimination entre « intellectuels » et « manuels » a été particulièrement flagrante dans la période de l'après 45.
Parallèlement à la libération de la France avec l’apport de toutes les tendances au sein de la Résistance, a été mis en place un plan de réforme de l'éducation appelé « projet Langevin-Wallon » visant à briser ce carcan pour instaurer une plus grande démocratisation à l'école. Le collège pour tous, l'accès à un plus grand nombre d'élèves au lycée puis à l'université étaient parmi ses objectifs.
L'accès au grec et au latin pour les fils ouvriers et de paysans étaient un point d'orgue de ce débat. Etre cultivé devait cesser d’être le privilège d’une élite bourgeoise.
Par certains côtés, la culture acceptait d’être un fait social désacralisé rejoignant ainsi une définition commune du mot « civilisation » moins porteur d’accentuation axiologique pour pouvoir exister : la reconnaissance de l’art primitif est un exemple. Il a fallu attendre Jacques Chirac pour voir l’ouverture d’un musée.
Il y a quelques années, Hidalgo, entraîneur de l’équipe de France de foot. avait fait paraître un article intitulé : « le football, c’est aussi de la culture. ». Une telle parution eût été impensable en 1945.
Cela voulait dire en clair que la culture n'était pas simplement un ensemble de faits sociaux allant de la philosophie et de la littérature théâtre au cinéma sans exclure la production industrielle et commerciale. Elle était plus que cela et impliquait une idée de valeur à la manière dont les œuvres de Molière de Racines, de Pascal puis de Voltaire etc. Elles étaient démarquées comme prééminentes par rapport à toutes les autres pour leur époque.
Malgré des progrès, cette connotation bourgeoise et littéraire est toujours valable comme élément important de définition de la culture.
Cela explique, par exemple, la difficile reconnaissance de l’art primitif ou des civilisations négroïdes, indiennes, préhistorique etc.
Un historien pourrait retrouver les soubassements idéologiques de ces classifications, inclusions, exclusions.
À une période récente avec le grand développement de la sociologie, une tentative a été entreprise pour assimiler le mot culture aux mots civilisation ou société. Cela permettait un traitement de ces faits sociaux plus scientifique même si aucune branche du savoir humain ne peut se libérer complètement de toute influence idéologique.
Il est inutile d'insister sur le fait que ces facteurs appartiennent à des catégories plus larges.L'esclavage persiste, l'antisémitisme et différents ostracismes sont encore bien vivants. Le slogan : « touche pas à mon pote ! » reste d’actualité.
Il ne suffit donc pas de changer des mots pour que tous les problèmes soient résolus.
Au sortir de la guerre de 45, Valéry rappelait une vérité première à ne pas oublier. « Et maintenant, civilisations, nous savons que nous sommes mortelles. »
Il y a dans cet article suffisamment d'information et de réflexions pour être en état d'affronter un sujet de dissertation ou des appels à des citations et des textes contenus dans « œuvre-philo ». Comme le montre par exemple le corrigé sur une citation de Jaspers.
Conformément aux prescriptions de « Jour J-2 », j’arrête ici la fourniture de connaissances.
RV. en septembre avec une nouvelle génération de consultants.
Vous avez été 26 532 de février 2012 à ce jour. Merci de votre confiance. Et M…. pour lundi 17.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 8 autres membres