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3 termes grecs pour venir à bout d'un problème angoissant : le "chaos"

L'humanité à la recherche de "repères" depuis les origines ?

 

   Avant de recourir à Socrate et aux autres, s’impose l’étude d’un thème « originel » - comme le péché du même nom - le « chaos ».

Le chaos fut vécu comme la grande peur de l’homme dès ses origines. Même actuellement, nous n’aimons pas ce qui nous échappe manuellement ou intellectuellement. C’est ce qui explique notre crainte devant le handicap physique et mental et le recours très lointain à des mythes, à des représentations symboliques, à l’écriture et à toute sorte de rituels socioculturels magiques, religieux, philosophiques, scientifiques ou simplement pratiques … Dans un film très ancien « la vieille voiture », en panne,  Louis de Funès donne un coup de pied sur la carrosserie et le moteur repart … A longueur d’année, nous utilisons des trucs parfaitement illogiques pour faire fonctionner un instrument ou pour empêcher une querelle naissante.


Dès l’origine, on eut peur de l’orage, des cataclysmes et de tout désordre naturel ou provoqué. Un des moyens les plus anciens fut la constitution et le perfectionnement du langage : les Grecs employaient le mot « logos » qui veut dite « paroles » et « Raison ». D’où son emploi généralisé comme suffixe pour nommer les pratiques culturelles et les sciences ; mythologies, ontologie, physiologie, anthropologie etc. Les trois termes grecs : chaos, logos et cosmos furent employés pour maîtriser le vécu anxiogène du premier.

Celui-ci était quotidien : les Egyptiens saluaient comme une véritable renaissance la réapparition à l’Est de Rhâ, le dieu soleil. Avant la représentation galiléenne de la terre, celui-ci était censé avoir risqué la mort en traversant l’enfer (la nuit) au risque de se faire dévorer par le serpent géant Apophis, dieu des forces mauvaises, de la nuit et du chaos

Parmi les rituels sociaux, l’écrit fut privilégié sur la pierre, l’argile durcie par la cuisson, le papyrus et même les coquilles d’œuf ou les os d’animaux. De civilisations en civilisations des millions de vestiges existent qui témoignent du souci d’échanger des messages visibles, lisibles, compréhensibles et pérennes.

Des peintures rupestres aux stèles de Sumer et d’Egypte, vers 3 000 av. JC., une signification se dégage : c’est une volonté dressée contre tout chaos, fut-il simplement humain : répartir, par arpentage, les terres des bords du Nil recouvertes de limon après chaque inondation, faires inventaires de produits, fixer les termes d’un contrat, faire le récit de batailles, établir ces repères pour marquer la périodicité de la marche des astres et du soleil, montre les structures hiérarchisées du pouvoir et même assurer des liens avec l’au-delà.

Que ce soit à Lascaux, Altamira … des signes apparaissent dans les grottes qui furent, vers 17 000 et même 30 000 ans pour  Chauvet, avant  notre ère, les premiers refuges et les premières églises de nos très lointains Ancêtres. Des dessins  et des écrits, des tracés furent décalqués ou reproduits sur les parois qui instituèrent une première communication avec nous.

La question est constante : que peut-on faire face au chaos ?

Valéry exprime assez bien la situation, lui qui fut un maître dans l’usage de l’écrit.


« Prévisions, provisions, peu à peu nous ont détachés de la rigueur de nos nécessités animales et du mot à mot de nos besoins. » 

« La nature le suggérait : elle a fait que nous portions avec nous de quoi résister quelque peu à l’inconstance des événements ; la graisse qui est sur nos membres, la mémoire qui se tient toute prête dans l’épaisseur de nos âmes sont des modèles de nos capacités d’adaptation.»


C’est le jeu dialectique  constant entre le « moi » et son environnement  à base d’offres et d’exigences de part et d’autre. Parmi elle la production d’écrits ou de messages en réponse aux questions et aux angoisses des hommes.


Il faut vaincre le chaos qui est l’entité la plus dangereuse pour le dieu soleil dans son parcours journalier. Le voici embarqué, le soir, sur la barque solaire prêt à affronter la nuit après avoir vécu une journée à survoler la terre. Il n’est pas sûr, pour les Egyptiens d’alors, qu’il renaîtra à l’Est le lendemain matin. Le "logos", écrit ce jour,  l'emportera-t-il sur le "chaos" qui peut survenir demain ?

 

   



07/02/2012
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