Sens de l'histoire1
L'histoire a-t-elle un sens ?
Question importante car il y va de la vie de chacun et de celle des sociétés sur l’axe du temps.
Le parcours ordinaire conduit du vécu à la spéculation.
Que nous subissions les événements présents ou que nous formulions des espoirs pour l’avenir, c’est une condition de vie personnelle et sociale qui est le lot de chacun.
Ce n’est pas exempt d’angoisse à certains moments quand les Allemands défilèrent au pas de l’oie sous l‘Arc de Triomphe et quand on voit la propagation du Djihadisme.
Ce complexe de sentiments est le fondement de toute religion, métaphysique ou institution culturelle.
Ordinairement cette tendance se convertit en regroupements, en rituels et en production de symboles comme on peut en trouver partout dans des grottes décorées, vers 30000 ans, pour Chauvet, Lascaux, Altamira … et 3000 ans pour des mégalithes comme à Stonehenge …
La question se pose pour l’histoire au même titre que pour notre destinée individuelle, au moins une fois dans la vie : d’où venons-nous ? Pourquoi sommes-nous là, en vue de quelle fin ou signification ?
Personnel, intime ne peuvent aller sans socioculturel ?
Même si en pratique nous ne savons pas toujours à quel projet nous travaillons, pourquoi nous fusillons ou nous souffrons.
Comment vivons-nous cela ?
Comment concevons-nous cela ?
Qu’est-ce qui a guidé les poseurs de menhirs ou les constructeurs de Pyramides et de cathédrales ? Quel maillon ont-ils créé dans une grande chaîne qu’on appellerait : sens de l’histoire ?
Ainsi, presqu’inévitablement, l’homme moderne se caractérise par sa conscience historique, incluant la conscience de soi dès l’enfance.
Le sentiment de son insertion dans l’histoire est plus tardif.
C’est-à-dire qu’il se représente tout ce qui l’entoure comme soumis à deux lois : celle de la continuité et celle du changement (y compris corporel).
On en trouve des manifestations dans la réalité matérielle (villes, paysages, objets, etc.) ou de la réalité spirituelle (idées, mœurs, institutions…).
En a-t-il toujours été ainsi, et en sera pas toujours ainsi. « Civilisations, nous savons que nous sommes mortelles. » (Valéry)
L’homme, être de l’au-delà, dans tous les sens de l’expression. Plusieurs options effrayantes.
Ce sentiment de notre propre historicité s’ouvre sur deux volets pas plus faciles à envisager l’un que l’autre :
Il y a un sens de l’histoire comme une sorte de déterminisme inéluctable au sens où l’entendait Laplace.
Ou alors tout est contingent (c’est-à-dire non nécessaire, lié aux circonstances), et par conséquent absurde, sans justification, sans raison.
Pas de choix entre la déesse Raison et le dieu Hasard.
Spontanément, nous résistons à cet emprisonnement.
Cela explique et justifie tous les efforts de nos ancêtres dont les traces sont conservées, sous des formes diverses - y compris l’écriture - dans tous les endroits du monde. L’archéologie, la paléontologie, par exemples, de cessent de nous en proposer des échantillons pas toujours faciles à décrypter.
Il existerait ainsi une base socioculturelle transmise par acculturation non seulement de génération à génération mais aussi de société à société avec cette expansion nommée « mondialisation », qui pourrait bien fixer un sens destructif irréversible à notre histoire.
Opinion commune.
Nous concevons généralement que l’humanité est en route vers quelque chose, que l’Histoire a un sens selon plusieurs options.
- d'une part l'histoire se dirigerait vers une destination … comme « sens unique » dans le code de la route.
- ou un état idéal : le règne final de l’esprit pour Hegel et Bergson ; idem chez Teilhard de Chardin mais en remplaçant « esprit » par « Dieu »
- ou bien vers un but, un objectif (comme dans l’expression « la fin justifie les moyens »)
- ou encore expression d’une volonté comme dans « Mein Kampf »
- ou bien jusqu’à un terme, de cessation, l’arrêt (comme dans « la fin du monde », « la fin des beaux jours », « la mort »)
Plusieurs cas de figure peuvent être envisagés qui entrent dans la problématique du thème étudié.
Ou bien il s’agit de faits isolés dont on détecte après coup la convergence à la manière d’un historien ou d’un philosophe.
Ou bien on tire de l’accumulation de faits une orientation ou une signification. Exemple : une volonté commune émergente de la SDN. à l’ONU.
Ou bien on pilote la naissance et le déroulement des certaines actions dans une direction donnée exemple : « la solution finale ».
Avec Hitler et Staline, on pourrait avancer que pour une période entre 1930 et 1945 ou 1954, il y eu dans les faits un sens tragique de l’histoire, c'est-à-dire une orientation déterminée et des actes en cohérence.
Pour la vie ordinaire, est plus difficile à détecter. Les tâtonnements politiques et économiques actuels sont une bonne illustration.
Cela tient sans doute à la faiblesse humaine ordinaire.
La plupart du temps, plus par peur, par intérêt que par incapacité, nous choisissons plutôt les politiques à court terme. Il suffit de lire la presse ou de suivre les infos. télévisées pour s’en convaincre.
Raisons sous-jacentes.
Elles expliquent mais n’excusent pas.
Au niveau de la conception de moyens ou de correctifs, il faut entrer en métaphysique et subsumer la notion de transcendance. Que ce soit sur le plan personnel que socioculturel, le parcours d’idées suivi indique que nous avons affaire à quelque chose qui nous dépasse.
Ce qui n’est en somme que le propre de la réflexion philosophique parfois si difficile à maîtriser et par ailleurs si souvent objet de mépris. Comme l’avait préconisé Platon - sans réussir lui-même – il faudrait que les rois fussent philosophes et réciproquement.
Deuxième problème : il ne faut pas seulement viser une évolution à la Darwin mais obtenir un (ou des) progrès.
- L’idée de progrès : changement ? évolution ?
Une conception de l’Histoire peut prédominer : elle serait un processus continu orienté vers le « mieux », parce qu’on la pense en termes de progrès au niveau de nos intentions et de nos actes.
Une évolution peut se faire dans le sens du meilleur ou du pire. Dire que « l’homme évolue », c'est vague ! Que veut-on dire au juste par là ? Que l’homme change ? Mais en quoi ?
Change-t-il d’un coup, complètement ?
En bien ? En mal ? La loi générale ne serait-elle pas celle de l’entropie, c'est-à-dire de la dégradation inévitable de toute énergie et de toute signification un peu à la manière des panneaux rouillés et des affiches ternies par le soleil?
Ou bien y a-t-il des choses en l’homme qui ne changent pas ?
Et qu’est-ce qui le fait changer : les circonstances, lui-même, des lois internes, connues ou méconnues ? Etc.
En se posant ces questions, on fait de la philosophie, dont le propre est, selon Jaspers, d’être en marche et d’assurer que les questions sont plus essentielles que les réponses.
Malheureusement, il faut affronter la réalité : la violence, les guerres, les crises, la faim, la pollution …
Parallèlement, mais après coup, il y a des efforts de pacification et d’organisation.
Mais toujours avec des épées de Damoclès : intérêt, profit, orgueil, irrespect, égoïsme …
Finalement, la notion de progrès convient-elle alors pour caractériser le cours de l’Histoire ?
Cela semble s’imposer ponctuellement dans certains domaines :
- le domaine de la connaissance : les explorations de l’univers par Hubble sont spectaculaires, les nanosciences et une meilleure connaissance du cerveau, par exemple créent bien des espoirs.
- En technologie industrielle, médicale, chirurgicale, les exploits sont également spectaculaires. Essaie de trouver des exemples historiques ou personnels de ce type de progrès. Il y a quelques années j’ai subi un pontage ; imagine le scénario. Endormi pendant 4 heures, un chirurgien hautement qualifié assisté d’une équipe compétente accomplissent des gestes, effrayants après coup quand on nous informe : sternum fendu, thorax écarté, cœur sorti dégraissé au laser, débranché et mis sous circuit artificiel, trois bouts de veine prélevés dans la cuisse ou l’épaule, décapés, préparés puis greffés en doublure aux artères défaillantes, on éponge le sang, on rebranche, on remballe le tout et on fait repartir la machine. En salle de réanimation, trois heures après, une infirmière me touche l’épaule et m’appelle par mon nom et je réponds à l’appel et je reviens dans le monde des vivants avec mes interrogations sur le sens de l’histoire des humains qui, pendant un jour, s’est déroulée sans moi.
- Peut-on compte au titre des progrès la mise en place d’institutions régulatrices comme la Cour de la Haye, les efforts de la recherche médicale avec ses succès en matière de vaccinations mais aussi ses affrontements contre des maux nouveaux : sida, Ebola …
D’un point de vue existentialiste, peut de réponses totalement satisfaisantes : nous restons plantés là, face à nos espoirs et nos peurs.
La « condition humaine », c’est une partie du programme et le titre d’un ouvrage de Malraux.
SensHistoire2
Problème à reprendre sous d’autres angles.
Points de vue ethnologiques et anthropologique et éventuellement paléontologique.
Des philosophes et de penseurs ont traité ce problème à partir des certaines analyses.
Pascal, par exemple, met ses espoirs dans les possibilités de savoir de l’homme contrairement aux animaux figés dans leurs comportements instinctifs.
L’homme « n’est produit que pour l’infinité », dit-il. Inachevé, non fini, en naissant, c’est à lui d’achever sa nature, grâce ses fonctions psychiques, notamment la mémoire
Cette idée de transmission d’un savoir cumulatif pourrait être une preuve de l’existence d’un sens de l’histoire.
D’autres, tels Bossuet, Descartes … se fondent sur le fait que Dieu, Etre parfait, a créé l’homme à son image, donc, logiquement, pour faire le bien.
Mais le mal existe : cela est dû au fait que nous sommes libres (par la volonté de Dieu également). Pour éviter de commettre le mal, il suffit de bien employer deux fonctions supérieures en puissance : la Raison et la volonté.
D’autres, avec Ovide et St Paul sont plus réservés : on voit est le bien ou le mal mais le problème est dans le passage à l’acte dans la résistance à nos pulsions et nos intérêts.
Et pourtant, nous avons besoin que l’histoire ait un sens, plutôt positif, pour encourager nos espoirs ou réduire nos peurs dans des projets réussis.
« Las-moi ! » comme disaient les vieilles de mon pays (raccourci patois pour « Hélas pour moi »), le mal est plutôt présent et récalcitrant.
Les perspectives actuelles, malgré des progrès spectaculaires dans certains domaines fait plutôt pencher vers le pessimisme.
On n’aura pas besoin d’attendre l’extinction du soleil dans 100 millions d’années par carburation complète de son hélium pour voir notre mode disparaître.
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