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am13_CONFLITS

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Am13_Conflit : désir contre Raison

 

Aux sources de la morale : le conflit.

 

La juxtaposition des humains est source de conflits ;  leur coexistence nécessite l’imposition de moyens de régulation des échanges dont la morale fait partie.

 

Ce constat est assez bien exprimé par ces deux textes de Platon montrant l’opposition, déjà en nous,  entre désirs et Raison.

 

C’est inévitable : la discorde est en nous.

 

« …  il existe deux formes de principes et de motifs d’action, que nous suivons où ils peuvent bien nous mener : l’un, qui est inné, est le désir des plaisirs ; l’autre, qui est une façon de voir acquise, aspire au meilleur. Or ces deux tendances sont en nous parfois concordantes, mais il arrive aussi qu’elles soient en lutte, et c’est parfois celle-ci qui domine, mais d’autres fois c’est celle-là. Cela posé, quand c’est une façon de voir qui, par la raison, conduit vers le meilleur et qu’elle domine, cette domination s’appelle tempérance ; quand c’est le désir qui, déraisonnablement, entraîne aux plaisirs et gouverne en nous, voilà le gouvernement auquel on a donné le nom de démesure. »                                              

Phèdre  237 d

 

 « Ne nous apercevons-nous pas , en mainte occasion, qu’un homme, poussé par la violence de ses désirs à agir contre la raison qui calcule, s’injurie lui-même et s’emporte contre ce qu’il y a en lui-même, dont il subit le violence, et que, comme il s’agissait d’une lutte entre deux partis, la raison trouve un allié dans l’ardeur de sentiments qui anime un tel homme. »                                                                                                                                                                                                        La République IV

 

Repérons les mots-clés, en un tableau.

 

ACTION   =      

déroulement / axe du temps

avec des phases, des zones, des décalages  marqués sur les schémas par des traits verticaux. 

localisation :         un sujet (désirant) / un objet (désiré)

2 motifs ou 2 tendances                concordantes ou en conflit.

  • inné,          à plaisir …                 = désir
  • acquis        à meilleur                  = Raison

 

NB.   ce sont 2 tendances = sur le même plan : l’affectivité

         mais l’une est naturelle alors que l’autre est acquise.

Le cadre ou le tableau est dressé : c’est le contexte de toute action « morale ».

Nécessairement action « morale » comme l’indiquent les mots-clés de la deuxième partie du texte. (noter que certains ne sont pas nécessaires pour une action ordinaire)

Alternative pour le gouvernement de soi et de l’action :

  • Ø la raison pour le meilleur                                 =  tempérance
  • Ø le désir, pour les plaisirs déraisonnables        = démesure

 

En restant, pour l’instant, sur le plan de la seule analyse du désir, le schéma peut se présenter ainsi. On y reconnaîtra la structure d’un tableau cartésien.

 

 

 

 

Exemple.

 

 

 

Ce schéma est le résultat de plusieurs analyses d’actes appelés éthiques.

Il peut servir de guide pour l’étude d’exemples ou de cas et permettre aussi de tester la moralité, l’immoralité ou l’amoralité d’un acte. « Les Misérables » de Victor Hugo offrent de nombreux cas pour un tel exercice.

 

Modèle pour applications.

 

 

 

Ce schéma est le résultat de plusieurs analyses d’actes appelés éthiques.

Il peut servir de guide pour l’étude d’exemples ou de cas et permettre aussi de tester la moralité, l’immoralité ou l’amoralité d’un acte. « Les Misérables » de Victor Hugo offrent de nombreux cas pour un tel exercice.

Le vol du chandelier et le pardon du prêtre à la sortie de prison de Valjean est exemplaire pour qui veut appliquer les éléments aux différentes dimensions du schéma. Pour  le vol d’un pain pour nourrir ses frères, on put étalonner la gravité de l’acte en comparaison avec celle de la peine. On peut aussi détecter qui est coupable, de Valjean qui s’est racheté en faisant le bien ou de Javert qui le poursuit par haine et non par souci de Justice. Bien sûr, les dimensions de la vie réelle, même simplement rapportées sont beaucoup plus compliquées mais ces exemples littéraires sont déjà de bonnes sources de développement d’une argumentation, avec des exemples,  dans une dissertation.

 

Il en est ainsi au théâtre et au cinéma, le scénario est riche à exploiter. L’exemple d’un désir simplet de chou à la crème ne saurait suffire. Dans le désir incestueux de Phèdre pour Hippolyte, c’est beaucoup plus compliqué. Ici, c’est le schéma de base qui doit s’enrichir et s’adapter. Suivre les développements de la pièce de Racine peut être utile. Pour notre propos, la problématique reste la même. Il faut détecter, juger, peser, réorganiser les facteurs en jeu dans un acte en vue d’en évaluer la valeur éthique.

 

Il faudra même ajouter que les variables peuvent se multiplier et le désir évoluer dans le temps social et personnel. Le conflit restera. Il ira en s‘amplifiant car nos besoins et nos désirs ne peuvent que se modifier au contact des expériences au fil des âges.

 

Voilà pourquoi l’anthropologue Malinowski parle de « besoins dérivés » dans un texte rapporté dans l’article suivant et sur le blog « Œuvres-philo ». Son étude complète utilement les informations et réflexions avancées dans cette page.

 

 

 

 

 



27/02/2013
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