Intelligence_3
Intelligence animale / pratique / conceptuelle. (?)
« conceptuelle » avec un ?
même si des expériences sont conduites avec des chimpanzés, pour leur apprendre :
- enchaîner plusieurs actions, à l’aide d’instruments combinés en vue de déclencher finalement un mécanisme débiteur de friandises,
- mémoriser des formes et des sons toujours récompensés,
- tenter de dialoguer avec l’expérimentateur par monosyllabes et par échanges d’objets ressemblant aux jeux de l’école maternelle sur des formes, des couleurs, des encastrements, des ajustements en puzzles etc.
- mais c’est encore sur le plan de l’imitation de mimiques que le singes restent les plus forts.
La ligne de démarcation avec le jeune enfant reste le langage quand ce dernier commence à s’en rendre maître parce que ce moyen proprement humain offre l’accès à une combinatoire de relations qui ouvrent notre horizon culturel à l’infini du symbolisme et de l’abstraction.
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Pour compléter les informations précédentes, voici un descriptif plus détaillé d’expériences possibles avec des singes supérieurs.
Les situations comprennent un objectif lié à une privation, des obstacles surmontables par invention et par des moyens indirects de résoudre un problème.
Par exemple, un chimpanzé en cage avec un bâton d’abord considéré comme objet puis comme outil, comme intermédiaire (détour physique et mental)
Référence explicite intéressante :
extraits fondamentaux. BUYTENDIJK : L’homme et animal
Texte1
SI on prend des rats familiarisés avec une disposition spatiale. on constate qu’ils choisissent toujours le chemin le plus court pour atteindre un but, Ils optent pour lui, même s’ils ont, à plusieurs reprises employé un chemin plus long. Ce n’est donc pas l’habitude qui détermine le comportement d’un animal « intelligent » . C’est l’expérience de la situation, acquise par une investigation des sens. Les essais montrent qu’une lésion corticale altère cette aptitude à adopter un comportement devant une structure donnée ; dès lors le rat obéit avant tout à ses habitudes.
Le hasard des observations a donné fréquemment l’occasion d’analyser le comportement intelligent d’un animal.
En voici un exemple Un rat grimpe sur le bord étroit d’un baquet métallique contenant de eau. Il aperçoit dans l’eau le bloc de bois sur lequel est placé un morceau de viande. Le bloc est loin du centre et animal se trouve sur une partie du bord éloignée du bloc. Le rat regarde. Puis il saute sur le sol. Il court d’un trait jusqu’à la place la plus proche du bloc de bois. Puis, de là, il tente d’escalader le bord du baquet (le rat ne peut pas, du sol, voir le bloc dans eau, le bord du baquet étant haut de 20 centimètres). Alors il se dresse sur ses pattes de derrière, ses pattes de devant appuyées à la paroi. Mais manifestement il ne peut pas grimper si haut. Alors il se retourne rapidement et court à son point de départ. (Là, la paroi est rendue plus accessible par une caissette de bois posée à côté du baquet.) Il grimpe de nouveau sur le bord du baquet. Puis, il longe lentement, à grand-peine, le bord jusqu’au point le plus proche du bloc de bois, De là, il saute sur le bloc, où il dévore la viande.
Notons dans ce comportement des détails frappants. Premièrement, le rat cherche à atteindre le point apparemment le plus proche du but. C’est là une « bonne faute » Deuxièmement, le rat vise son but et conserve cet objectif même quand l‘objet n’est plus présent visuellement. Troisièmement, le rat lance un « coup d’œil » précis. qui le conduit exactement à l’endroit sous la paroi correspondant à l’emplacement du bloc, Quatrièmement, si un procédé ne réussit pas, il en essaie un autre. Il revient à son premier chemin. Cinquièmement, il choisit avec précision la « distance la plus réduite » pour sauter sur le bloc de bois.
Texte N° 2
L’animal a l’intuition, de rapports matériels. Cette intuition lui permet d’embrasser dans sa perception et son action, la relation entre un moyen et un but, sans toutefois, comme I ‘homme. concevoir cette relation.
L’exemple le plus connu de cette intuition nous est donné par l‘utilisatIon que fait le singe d’un bâton, pour atteindre un but hors de sa portée. ( … ) Le chimpanzé femelle, Nueva, fut soumis à cette expérience trois jours après son arrivée. Elle n’avait pas encore été mise en contact avec les autres animaux. Elle était seule dans sa cage. On y avait placé un petit bâton. Elle gratte un peu le sol avec ce bâton, pousse quelques épluchures de bananes pour en faire un tas, puis laisse retomber négligemment le bâton à environ 75 centimètres de la grille. Dix minutes plus tard, on dépose des fruits à l’extérieur hors de sa portée avec ses bras seuls (autre relation). La femelle chimpanzé essaie vainement de les atteindre et commence aussitôt à gémir à la façon caractéristique des chimpanzés. Elle avance de quelques centimètres ses deux lèvres, surtout la lèvre inférieure. ElIe pousse des cris plaintifs en regardant l’observateur avec des yeux suppliants et en lui tendant la main. Finalement. elle se couche désespérée sur le dos, comportement très expressif qu’on observe souvent chez le chimpanzé quand il éprouve un grand chagrin. Un moment s’écoule ainsi en plaintes et en supplicatIons. Puis, environ sept minutes après que les fruits ont été déposés, I’animal jette un regard dans la direction du bâton. Il se tait subitement, il le saisit, le glisse entre les barreaux et tire à l’intérieur les fruits avec succès mais non sans quelque maladresse. Pour les rapprocher, la femelle chimpanzé place dès l’abord I’extrémité du bâton sur le sol derrière les fruits convoités et cela, comme presque toujours par la suite de sa main gauche. On répète l’essai une heure après. Il faut beaucoup moins de temps cette fois à l’animal pour saisir le bâton. Il !e manie aussi plus adroitement. Il y a eu apprentissage.
Toutes les descriptions de Köhler. de Yerkes et d’autres observateurs concordent sur un point : l’animal s’aperçoit soudain que le bâton est le moyen propre à atteindre son but.
Texte N° 3
Prenons exemple d’un but trop haut et de ce fait non accessible directement. Les observations montrent que, dans un tel cas, le chimpanzé, comme l’enfant, fait quelque chose en direction du but. II peut s’étirer, s’étendre, bondir, il peut aussi jeter quelque chose, prolonger son bras d’un bâton, grimper sur quelque chose. Enfant et singe peuvent placer un objet, un intermédiaire ou outil (chaise, caisse) sous le but, puis l’escalader. Enfin ils peuvent empiler deux ou plusieurs caisses. Köhler a décrit en détail l’emploi de cet « empilement » par des animaux d’expériences et il y a vu un comportement intuitif. Par rapport à l’appât hors de la cage, la relation, ici, est verticale.
Echafauder ainsi des objets exige un apprentissage. Toutes les expériences en font foi : placer une caisse sous le but visé résulte toujours d’un long exercice. ( … )
Ainsi un animal « très intelligent » (Sultan) était déjà familiarisé avec l’emploi d’une caisse. Quand il en eu une deuxième à sa disposition, la première n’étant pas suffisamment haute. II alla chercher cette deuxième caisse. Mais il ne la plaça pas sur la première. Il la manipula « d’une façon étrangement confuse et complètement déconcertante pour le spectateur, la traînant à côté de l‘autre, la maintenant au-dessus d’elle, en l’air de travers. Etc. » Dans un deuxième essai, Sultan a cependant, d’un seul coup, placé la deuxième caisse sur la première Mais était-ce bien la conséquence d’un éclair d’intuition ?
On, a souvent observé que le chimpanzé, parfois, fait ainsi des tentatives sans aucune méthode. Mais on a également noté qu’il sait « mesurer de l’œil la distance au but » et soudain procéder à des essais nets pour mieux s’adapter à la situation,
Tous les animaux manifestent cette aptitude à estimer, calculer. C’est une caractéristique du comportement. Le chimpanzé n’a par ailleurs pas l’intuition des rapports relatifs mécaniques et statiques des deux caisses. Seul homme peut se hausser à cette intuition, parce qu’il observe et analyse par la pensée ces rapports. Seul l’enfant apprend vraiment à échafauder des objets. Les caisses empilées par les singes forment toujours une construction très Instable. Le plus souvent elle s’écroule dès que l‘animai l’escalade. Mais le singe est agile et a un sans aigu de l’équilibre. Il arrive ainsi malgré l’écroulement du support à atteindre le but. Köhler distingue les fautes « bonnes » et les fautes « bêtes ». Si un chimpanzé pose une caisse en diagonale, elle est moins stable. mais l’échafaudage est plus haut. Le singe a parfois recours à un autre procédé pour triompher de la distance au but. Il saisit soudain la caisse qui s’est montrée trop basse « des deux mains ». Il la hisse d’un grand effort à la hauteur de sa tête et l’appuie au mur
De la pièce la plus proche du but. Si la caisse restait d’elle-même ainsi « debout » contre le mur, le problème serait résolu .Faute « bête » - comme nous en commettons aussi – mais qui devient bonne si elle donne l’intuition de placer une caisse dessous.
Il y a par contre des fautes très bêtes. Par exemple, le singe entasse des caisses au-dessous de l’emplacement où le fruit a été suspendu lors d’expériences antérieures. Ou bien Il trame une caisse contre la grille. alors que le but est extérieur à la cage.
Cependant les expériences d’ « empilement », comme celles d’utilisation de bâtons, prouvent qu’il y a très souvent perception très exacte des distances au but et de leurs rapports avec les moyens dont utilisatIon est connue par expérience. Ce qu’on appelle « intuition » est un rapport conditIonné physiquement (sensori-moteur) Toutes les espèces animales capables de s’adapter à des situations neuves la possèdent dans une certaine mesure. Les anthropoïdes, seuls, se distInguent des autres animaux par le fait qu’ils semblent parfois à l’occasion se distancier de la situation. Cette distance les humanise. Köhler a fort judicieusement noté qu’il faut se garder, dans l’étude des chimpanzés, de confondre l’impression extérieure de ressemblance avec l’homme, avec le niveau du travail manuel
Nous appelons « emploi d’instrument » (Werkzugebrauch) l‘utilisation d’un moyen : pour atteindre un but visé. quand le moyen est un objet bâton, caisse) qu’il faut aller chercher avant de l’utiliser. Un tel comportement a été observé presque exclusivement chez les singes. On y a vu un stade inférieur des travaux humains. Mais n y a-t-il pas emploi d’instrument quand un oiseau sélectionne et utilise judicieusement les matériaux appropriés pour se bâtir un nid ? Dans notre monde, nous distinguons sans doute matériau et instrument. Mais cette distinction repose sur l’opposition entre travail créateur et action liée à une situation. Les travaux de l‘homme supposent un monde objectif et une attitude intérieure. Ils impliquent donc que le sujet conçoive le rôle qui l’engage dans la solution du problème saisi objectivement (et non pas ressenti comme situation). Le monde animal ignore de telles implications. Peut-être existent-elles à l’état de traces, surtout chez les anthropoïdes. Mais elles ne sont jamais, comme chez le petit être humain, la base du développement progressif. L’anthropoïde ne connaît ni culture, ni développement technique
BUYTENDIJK : L’homme et animal. 1958. Coll. Idées Galimard.
Les informations suivantes donnent accès au fonctionnement de l’intelligence animale et nous rendent plus modestes devant nos essais et erreurs quotidiens. Nous aussi nous commettons des « fautes bêtes ».
De Funès tapait bien sur le pneu avant de « la belle Américaine’ et ça marchait.
Les expériences de Köhler :
Dans ces expériences, un comptage du nombre des essais et erreurs peut permettre d’établir des statistiques (courbe de Gauss) soit pour comparer des résultats entre individus ou espèces, soit pour mesurer des effets d’apprentissage chez un individu.
Cela a donné naissance au calcul du fameux QI (Quotient Intellectuel) bien pratique dans les classes pour servir d’alibi à une pédagogie formelle et inactive mais à manier avec beaucoup de précautions … car nous ne sommes pas des rats obligés de franchir une grille électrifiée pour atteindre nos buts.
Dans ces expériences les conditions principales d’une activité sollicitant l’intelligence pratique sont réunies : les principaux éléments d’une situation doivent être mis en relation activement : le sujet agissant, ses moyens corporels, un objectif à atteindre directement ou par le relais d’un moyen adapté ou adaptable.
Cela peut nous aider à comprendre comment fonctionne notre propre intelligence.
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