PhiloPapy

PhiloPapy

La Raison ou la raison ?

La raison ou la Raison.

 

Sous ces deux formes, on trouve le terme partout et tout le monde pense savoir ce qu’il signifie. Méfiance, méfiance vis-à-vis de ce qui va de soi.

 

Il est coutumier d’affirmer qu’on doit  aux philosophes grecs classiques le lancement d’une civilisation fondée sur la Raison. On appelle également celle-ci « civilisation judéo-chrétienne » pour indiquer la deuxième influence importante qui a présidé à son développement.

 

 

HISTORIQUE :  Wikipédia présente un panorama intéressant de l’usage de ce terme et des ses équivalents.

 

Après une période où régnait plutôt la mythologie avec Homère et toute la panoplie des dieux de l’Olympe, les origines de la philosophie, lointaines et plus ou moins bien connues, dateraient des  « présocratiques». D’après Nietzsche, dans « la naissance de la tragédie », Socrate est responsable de l’implantation de notre fonctionnement mental logique, sur un mode binaire et technocratique. Notre buveur de ciguë aurait préféré Apollon à Dionysos, nous amputant ainsi d’une grande partie de notre être vrai.

 

D’innombrables articles sont publiés sur Internet sur la Raison

 

Ici, l’intention de l’auteur a été clairement posée : il ne s’agit pas de présenter un « traité » sur le Raison mais d’introduire à son étude, d’une manière pragmatique en fournissant quelques informations utilisables. Ensuite chacun choisira une voie de développement qui lui conviendra. L’historique ci-dessus amorcé pourra être affiné ;  les pistes suivantes pourront être explorées : face à la complexité des réseaux de signification combinables  autour de ce terme, la seule règle est celle que préconisait Descartes dans le chapitre du « Discours de la méthode » consacré à « la morale  provisoire » : quand on est perdu dans une forêt, il vaut mieux continuer dans la même direction que tourner en rond.

 

 

Dans cette perspective, les pistes suivantes seront proposées.

 

Un arrêt s’impose sur quelques considérations sur le VOCABULAIRE.

En grec, « logos » veut dire « Raison » et l« parole » A partir de cela, le suffixe « logie » ou « logique » ou « logue » a eu un grand succès puisqu’il a servi à désigner la majorité des branches scientifiques du savoir humain : biologie, psychologique, sociologue, par exemple.

 

 

De la même façon, l’étymologie, a donné naissance à des adjectifs avec une sorte d’embranchement, rationnel / rationalité d’un côté, raisonnable, de l’autre. Le premier se rapporterait à l’intellect, au savoir, l’autre s’appliquerait davantage au caractère social et moral de la conduite.

Les contraires sont : irrationnel et déraisonnable.

Une déclaration de guerre, par exemple, peut être dite « rationnelle » si elle est fondée sur des assurances logiques de gagner mais elle est déraisonnable par son coût inévitable en vie humaines.

 

Le terme « logos » est utilisé dans différents domaines : notamment en philosophie, en rhétorique, en théologie et en psychologie

 

 

Rationalité et moralité constituent deux champs très importants de la réflexion philosophique. La rhétorique a longtemps été au centre des préoccupations des penseurs grecs avec une insistance sur l’argumentation. La théologie a pris le relais de la mythologie avec les mêmes inconvénients de devoir recourir aux croyances plutôt qu’à un savoir scientifiquement établi.

 

Quelques citations rapportées par l’article de Wikipédia consacré aux sens du mot « logos », fondent son usage en théologie. L’aspect « parole » est souvent remplacé par le terme « Verbe » dans le langage religieux. Ce qui est loin de simplifier la compréhension car la tour de Babel est à proximité.

 

Exemple dans l’Evangile selon Saint Jean, chapitre 1

"[1] Au commencement était la Parole, et la Parole (logos) était avec Dieu, et la Parole (logos) était Dieu. [2] Elle était au commencement avec Dieu. [3] Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle. [4] En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

Ce passage est souvent résumé par. « Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu. »

Le Logos chrétien, antérieur au Logos grec est, dans l’histoire du peuple juif, la Parole vivante et créatrice de Yahvé, dans l'ancien Testament.

On connaît la réflexion du Président Mitterrand, à la veille de sa mort. Il était incroyant : à un journaliste qui lui posait la question : « Et si, dans l’au-delà vous rencontrez Dieu, que lui direz-vous ? », il répondit : « Eh bien ! Maintenant, je sais. »

 

La gamme des expressions se rapportant aux mots : Raison, raison, raisons … est très large. En voici quelques unes tirées d’un article d’Internet intitulé « Médiadico »

 

 

Raison valable, futile, alléguée, invoquée, obscure.

 
Raison apparente, théorique, pratique, suffisante.

 
Raisons puissantes, politiques, économiques.


Raisons médicales, religieuses.

 
Raison de fait, de droit, d'État.

 


Raison d'agir, d'espérer, de vivre, d'être

.
Raison de croire, de penser, faire quelque chose.

 
Raison de plus


Raison de plus pour faire quelque chose.

 
Raison d'un phénomène, d'un être.

 
Raison d'une progression.

 
Sa raison chancelle.


La raison qui l'habite.


« La raison du plus fort est toujours la meilleure. » (La Fontaine : « le loup et l’agneau)


Raisons qui disculpent quelqu'un.


Raisons qui justifient un acte.


Raisons qui militent en faveur d'une décision.


Raisons qui poussent à faire quelque chose.


Bonne, mauvaise raison.


Âge, mariage de raison.


Principe de raison suffisante.

 

Culte, lois, voix de la raison

.
Défi à la raison.


À raison de trois fois par semaine.


À plus forte raison.


À tort ou à raison.


Avec juste raison.


En raison inverse de quelque chose.


En raison de son handicap, de son grand âge.


Non sans raison.


Plus que de raison.


Pour la bonne et simple raison que.


Pour la seule raison que...


Pour des raisons logiques.


Pour des raisons de santé.


Pour des raisons qui m'appartiennent.


Pour quelle raison ?


Pour valoir ce que de raison.


Sans rime ni raison.


Selon la raison.


Si, pour une raison ou pour une autre vous reveniez sur votre décision.


C'est à se demander s'il a toute sa raison.


C'est la raison pour laquelle...


Ce n'est pas une raison pour accepter !


Il s'avère que vous avez raison.


Tout nous incite (ou porte) à croire que vous avez raison.


Il faut raison garder.


Accepter de se ranger à la raison.


Alléguer une raison.


Appliquer la raison aux sciences de la nature.


Appuyer ses dires sur des raisons valables.


Avoir de bonnes (ou fortes) raisons de penser que...


Batailler pour faire entendre raison à quelqu’un.

Boire plus que de raison.


Chercher la raison profonde de quelque chose.


Demander raison de quelque chose.


Détailler les raisons de quelque chose.


Émigrer pour certaines raisons.


Entendre raison.


Être la raison de quelque chose.


Être de raison.


Être dépourvu, doué de raison.


Être conforme, contraire à la raison.

 
Faire entendre raison à quelqu'un.


Faire perdre la raison à quelqu'un.


Invoquer la raison d'État.


Perdre la raison.

 
Prétendre quelque chose avec raison.


Ramener quelqu'un à la raison.


Relever de la raison.


Rendre raison de quelque chose.


Rendre raison à quelqu'un.


Se faire une raison.


Se lamenter sans raison valable.

.
Se rendre aux raisons de quelqu'un.

 
S'inquiéter plus que de raison.


S'opposer à la raison.


Tirer raison.


Trouver la raison de quelque chose.


Trouver une (ou des) raison(s)

 

 

L’intérêt de cette liste de  propositions correspond toujours aux vues pragmatistes de l’auteur sur l’apprentissage : on ne peut vraiment « comprendre » qu’en lisant, en rangeant, en reformulant de différentes manières, en trouvant des exemples ou des rapports entre les termes …

 

Ainsi nombre des expressions citées présentent un rapport avec : argumentation  causes, intelligence, justification, mobiles, motifs, quantité … pour  les domaines évoqués ci-dessus.

 

« L’âge de raison. » : expression consacrée jadis pour marquer une étape vers l’autonomie de l’enfant ; aux environs de  7 ou 8 ans ; « r » ou « R » ?

 

J’ai raison ou tort

Mes raisons d’agir ? (motifs, mobiles, explications, justifications …)

« Raison garder. » / « Ne pas perdre la Raison. »

 

L’emploi direct de ces deux mots ou au moins une référence à leur signification se retrouvent dans beaucoup d’affirmations de philosophes notamment pur l’accent porté sur l’ambiguïté du réel ou des propos s’y rapportant.

 

 

« L’imagination est maîtresse d’erreur ... d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours. »   (Pascal)

 

« Le cœur  a ses raisons que la Raison ne connaît pas.»     (Pascal)

 

 

Une des problématiques philosophiques fondamentales a toujours été la recherche des rapports entre le réel et ce que notre esprit peut en penser et en dire. Le problème de la connaissance a ainsi traversé les siècles de Platon à nos jours.

 

     

Une dernière distinction présentée par Lalande, l’auteur du célèbre : « dictionnaire de la langue philosophique » est également intéressante à exploiter. C’est ce que les spécialistes appellent une connaissance « opératoire », permettant des développements d’idées contrairement aux connaissances simplement « factuelles ».qui se limitent à leur énoncé. Exemple : « 1515, Marignan. »

Lalande indique que la Raison est tour à tout « constituante » et « constituée »

 

Cette dernière forme correspond à ce que nous mettons ordinairement sous le terme de « Raison » ; sorte de fonction humaine ou de référence au nom de laquelle on juge qu’une action ou une formulation est « rationnelle », logique, acceptable ….

 

Être conforme, contraire à la Raison.

Être inaccessible à la Raison.

 

Ordinairement, on s’interroge peu sur l’origine et la composition de cette « faculté » (terme ancien moins employé maintenant en psychologie).

On peut la considérer comme ‘ « innée », d’où la définition de l’homme  comme « être rationnel et raisonnable » - au moins jusqu’à l’arrivée d’Hitler.

Dans la philosophie de Platon, le logos est considéré un concept à la fois rationnel et oratoire. Ses liens sont nombreux avec la logique et la métaphysique. La Raison, ce peut être l’ordre des choses ou la traduction de cet ordonnancement par la parole, le discours.

Pour  le  cardinal Ratzinger, futur Benoit XVI, par exemple, l’ordre du monde, le paradigme,  c’est le Verbe et donc Dieu. Pour lui, la rationalité scientifique partirait, à tort, de l’affirmation que le monde est irrationnel. Cette position correspondrait à cette affirmation d’Einstein : « Ce qu’il y a d’incompréhensible, c’est que le monde soit compréhensible. » Mais ce ne sont que des opinions et non des dogmes. Ce dossier sera repris et développé car il est central.

 

La multitude et la variété des articles consacrés à la Raison, sur Internet, invitent à la modération dans la (les) définition(s) de celle-ci.

 

 

 

 









 

 

 



14/03/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Enseignement & Emploi pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 8 autres membres